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Au moins, s’ils ne mettent rien, absolument rien, dans ces deux caisses, nous permettent-ils d’espérer qu’elles recevront un jour quelque chose ?

Il faut distinguer.

De ces deux caisses, l’une est favorisée : c’est celle des monumens classés. Elle pourra recevoir les dons et legs, les contributions des départemens et des villes, les subventions de l’Etat, voire le produit des moulages du Trocadéro !

A l’autre, le projet refuse et les contributions des départemens et des villes, et les subventions de l’Etat, et le produit des moulages du Trocadéro ! Il ne lui laisse en perspective que les dons qu’elle pourra bien recevoir des particuliers. Et le malheur, comme il saute aux yeux, c’est qu’elle n’en recevra jamais.

Cette caisse, en effet, n’est pas une caisse pour les églises, mais une caisse nationale de participation à l’entretien des édifices et monumens publics non classés, qui entretiendra des mairies, des écoles, des fontaines, tout aussi bien que des églises et des calvaires. Comment un laïque qui s’intéresse aux écoles irait-il vous donner de l’argent, qu’il risque de vous voir distribuer aux églises, et comment un catholique, ou un artiste, qui se passionne pour les églises, s’exposerait-il à vous voir distribuer sa subvention aux écoles et aux mairies ?

Je vois bien que « les dons, legs ou souscriptions peuvent être affectés par leurs auteurs à un objet spécial ; » je vois que je puis vous donner dix mille francs pour l’église de mon village. Mais je n’aurais avantage à passer par votre caisse que si mes dix mille francs devaient y être augmentés d’une souscription d’État. Autrement, pourquoi ce vain détour ? Il est plus simple que j’apporte directement ma libéralité à la commune propriétaire. Encore verrais-je un intérêt à vous prendre pour commissionnaire si vous étiez en mesure d’imposer à la municipalité ces réparations qu’à moi trop souvent elle refuse. Mais vous laissez subsister tout le scandale, et que je vote ou non votre amendement, c’est toujours le droit des municipalités propriétaires de laisser s’écrouler leur église, quelque argent qu’on leur offre pour la consolider.

Voyons clair, monsieur le sous-secrétaire d’État, c’est le plaisir des dieux. Ce projet ne nous délivre d’aucune des graves difficultés que j’ai à maintes reprises exposées, et dont