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voulions une même chose : le salut de notre architecture religieuse, le salut du plus beau monument du village. Et maintenant ils se dédisent, se retirent sans explication en termes courtois et gênés. On m’assure que c’est l’effet d’une note menaçante parue dans La Lanterne. Mais laissons ! Je ne dois pas penser à ces manœuvres qui ne peuvent que me troubler ; je ne dois à cette heure penser qu’à l’excellence de la cause et à l’honneur de la tâche.


M. LE PRESIDENT. — La parole est à M. Maurice Barrès.

M. MAURICE BARRÈS. — L’ensemble de nos églises et de nos monumens d’architecture religieuse constitue un trésor national qu’il y a lieu de sauvegarder. Voilà le thème que je voudrais développer devant la Chambre pour lui demander qu’elle invite le Gouvernement à assurer, par des règles légales, la conservation, la préservation de ces monumens. (Très bien ! très bien ! ) C’est l’objet d’un projet de résolution que j’ai déposé entre les mains de M. le Président, et qui viendra aux voix sur l’article premier. Et je crois que cette idée peut nous mettre tous d’accord.

J’ai pour garant de mon espoir les signatures qu’ont bien voulu donner à mon projet de résolution un grand nombre de membres éminens de tous les partis. Comment douter du succès d’une cause qui réunit, de M. Denys Cochin à M. Albert Thomas, tant d’esprits aussi divers que MM. Villault-Duchesnois, Jutes Siegfried, Joseph Thierry, Auguste Bouge, Joseph Reinach, Louis Barthou, André Lefèvre, Marc Frayssinet, Paul Dupuy, Henry Chéron, Ferdinand Buisson, Leboucq, Charles Benoist, Aynard, d’Iriart d’Etchepare, Jonnart, et je ne cite pas ceux de mes collègues auxquels me réunissent des affinités plus directes et plus resserrées.

Tout le danger, dont j’ai un sentiment si vif que je voudrais pouvoir renoncer à la parole, c’est que, par quelque point de ma démonstration, je nuise à cet accord. Il est fatal qu’appartenant à des partis si divers, nous ayons, pour vouloir sauver les églises, des motifs différens. Il est possible que quelques-uns des argumens que je vais exposer satisfassent mal des collègues avec lesquels pourtant je m’entends sur le fond. Je les prie de considérer que je ne prétends parler au nom de personne, et qu’il ne faut voir dans mes observations que ma pensée propre. Je