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l’administration la faculté de déclassement, je veux dire la faculté de déclasser celles qui tombent décidément en ruines et qui ne correspondent plus à rien d’utile, comme cela s’est fait, même au temps du Concordat.

Mais il ne suffit pas de classer. Le classement autorise la subvention ; il n’y donne pas un droit absolu. A qui incombera-t-il de faire les dépenses propres à la conservation de l’édifice ? Qui va réparer nos églises ?

Les associations cultuelles ? Il n’y en a pas, il n’y en aura pas. (Mouvemens divers.)

A gauche. — A qui la faute ?

M. MAURICE BARRÈS. — Est-il bien utile que je vous fasse observer que la difficulté réelle que vous soulignez là, et que je n’ai pas évité de marquer, nous entraînerait à un examen historique de la question, et qu’il est plus raisonnable à des hommes politiques de se mettre aujourd’hui en présence du fait ? Il n’y a pas d’association cultuelle. Ce qui me préoccupe, ce n’est pas d’établir des responsabilités historiques, — ce serait là un autre discours que je ne vous ai pas annoncé, — ce qui me préoccupe, c’est de sauver les églises, et de les sauver, non pas en contradiction avec qui que ce soit, en irritant la question, mais en vous soumettant le mal et les remèdes que j’y vois.

D’ailleurs, je suis tout prêt à me ranger à de meilleurs avis si, comme je n’en doute pas, de meilleurs avis nous sont proposés pour faciliter la solution de cet angoissant problème. (Très bien ! très bien ! à droite.)

A défaut des associations cultuelles, qui peut réparer les églises ? Les communes ? Oui, en principe, cela peut se soutenir, c’est soutenu par d’excellens esprits. Ne sont-elles pas les propriétaires ? Pourtant, je crois voir une grande difficulté à leur imposer des charges qu’elles n’ont jamais eues, qu’elles n’ont eues à aucun moment de notre histoire, ni avant la Révolution, ni après.

Dans l’ancienne France, qui est-ce qui construisait et entretenait les églises ? C’étaient les bienfaiteurs, c’étaient des abbayes très riches, puis les évêchés, les archevêchés, à l’aide de leurs revenus propres. Les habitans n’intervenaient que par des aumônes volontaires, sous la forme de quêtes[1]. Et, plus près de

  1. Et si, parfois, très rarement, ils subissaient, du fait de l’église, des taxes, des impositions, elles étaient paroissiales, religieuses, non municipales.