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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/108

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les ouvriers des diverses professions dans chaque pays et d’une union fraternelle entre les travailleurs des diverses contrées ;

Que l’émancipation du travail, n’étant un problème ni local ni national, mais social, embrasse tous les pays dans lesquels la vie moderne existe, et nécessite pour sa solution leur concours théorique et pratique ;

Que le mouvement, qui reparaît parmi les ouvriers des pays les plus industrieux de l’Europe, en faisant naître de nouvelles espérances, donne un solennel avertissement de ne pas retomber dans les vieilles erreurs, et les pousse à combiner immédiatement leurs efforts encore isolés ; ...


Par ces raisons, écoutez le conseil que vous donnent Karl Marx et Engels : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » C’est un conseil que donnent deux Allemands, et la chiquenaude vient d’Angleterre, mais l’origine du mouvement est en France : « Comme l’Angleterre avait une liberté dont la France ne jouissait pas, la résidence du Conseil général de l’Internationale fut établie à Londres ; selon le mot qui fut dit alors, l’enfant né dans les ateliers de Paris était mis en nourrice à Londres. » L’Association dont on déclare la naissance est donc bien réellement une association internationale des travailleurs, entendez des ouvriers de toute profession et de toute nation. De même que, dans la profession, le groupement se fait maintenant « deux et deux » ouvrier et ouvrier, non plus comme autrefois, deux et un, ouvrier et patron ; de même que, dans la nation, ce groupement se fait ainsi, ouvriers d’une profession et ouvriers des autres professions, non plus ouvriers et patrons de chaque profession, de même il tend à se faire, sans souci des professions et des nations, les métiers confondus, les frontières effacées, entre ouvriers et ouvriers de toutes les professions et de toutes les nations, ce ne serait pas assez de dire « sans les patrons, » mais « contre les patrons, » les « employeurs, » les « exploiteurs, » les possédans, » les « capitalistes » de toute industrie et de tout pays.

En France, les polémiques quotidiennes, pendant les dernières années de l’Empire, alimentent soigneusement, en vue de la conséquence qu’on en veut tirer, — la lutte des classes, — le « mythe de la classe ouvrière. » Tandis que les partis se disputent à qui fera le bonheur du peuple, que la société nationale pour l’extinction du paupérisme tente de rajeunir, de remettre à la mode u les idées napoléoniennes, » tandis que le Comte de Chambord promet de restaurer « les anciennes corporations,