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François Delessert, Odier, au nom de la Chambre de Commerce de Paris, la pétition réitérée de M. Levacher-Duplessis (1817-1821). La monarchie de Juillet avait vu maints essais de résurrection de l’idée corporative ; à l’imitation de Sismondi, mais plus hardiment, Bûchez avait préconisé les syndicats, — la chose et le mot (1831) ; — le comte de Villeneuve-Bargemont, les associations ouvrières (1834) ; Buret, les conseils de famille, et Gérando, les sociétés amicales (1841) ; La Farelle, les communautés libres, avec des « syndicats » élus où les ouvriers seraient représentés (1842). La République fit un pas en édictant (loi du 25 novembre - 1er décembre 1849) la péréquation des peines, pour le délit de coalition, entre patrons et ouvriers, alors qu’auparavant, dans la plupart des cas, pour cette même faute commise par les uns et par les autres, les ouvriers seuls étaient poursuivis et frappés. Le pas décisif (quoi qu’il laissât encore d’inachevé), ce fut l’Empire qui le fit en modifiant l’article 414 du Code pénal. Trois ans plus tard, en 1867, pouvaient se tenir des conférences où 400 délégués ouvriers appartenant à 117 professions et une Commission d’encouragement de 70 membres, présidée par M. Devinck, discutèrent notamment de l’organisation de Chambres d’ouvriers en syndicats mixtes, par exemple, sans que l’administration tentât d’entraver leur liberté. Jusque-là toutefois, bien qu’en face d’eux, du côté des patrons, on pût compter 42 Chambres syndicales affiliées à l’Union nationale du Commerce et de l’Industrie (vaste Ligue des intérêts professionnels fondée en 1859) et 14 autres affiliées au groupe dit de la Sainte-Chapelle, les syndicats ouvriers étaient très rares. Avant 1867, en marge et au défi de la loi, on ne citait que les typographes (1839), les mouleurs (1863), les relieurs (1864), les chapeliers (1865). Après les conférences du passage Raoult, rassurés sur les intentions du pouvoir, ces syndicats se multiplièrent ; les associations de bienfaisance ou de crédit mutuel déjà existantes (bronziers, 1860, bijoutiers, 1865, céramistes, 1867) se rapprochèrent du type syndical et demandèrent que l’association prît en main la défense des intérêts généraux de la profession. La loi même du 21 mars 1884, sur les syndicats professionnels, fut provoquée immédiatement et amorcée soit par les vœux des délégués ouvriers aux expositions de Vienne (1873) et de Philadelphie (1876), soit par les vœux des Congrès ouvriers de Paris (1876), de Lyon (1878), de Marseille (1879), du Havre (1880), de