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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/116

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Reims (1881) ; ne mentionnons que pour mémoire le Congrès catholique de Reims (1875) et le Congrès corporatif des boulangers de France (1877). Quoi qu’il en soit, il y avait à Paris, en 1881, vis-à-vis de 138 associations patronales comprenant 15 000 membres, 150 Chambres syndicales ouvrières, avec 60 000 adhérens, auxquels s’ajoutaient en province 350 autres syndicats ouvriers. De ces syndicats que je me permettrai d’appeler prélégaux, formés dans le silence et la tolérance des lois répressives, antérieurement à la loi organique de 1884, les uns se montraient, comme les chaudronniers, raisonnables et pacifiques, les autres, au contraire, agressifs, comme les bronziers. La loi votée, les Congrès nationaux ne tardèrent pas à les pousser hors du terrain professionnel. Le Congrès corporatif de Lyon (1886) se borne à réclamer la journée de huit heures, mais déjà le Congrès de Bordeaux (1888) recommande la grève générale et celui de Calais (1890) s’agite pour le Premier Mai. Au Congrès de Saint-Etienne, qui fut le premier Congrès des Bourses du travail, ces Bourses du travail commencèrent à se resserrer en Fédération (1892). Très peu nombreuses encore (on n’en comptait que quatorze au mois de février), elles essaimèrent assez vite, sous le coup de fouet que leur donna la fermeture de la Bourse du travail de Paris par le ministère de M. Charles Dupuy en 1893. Le Congrès corporatif, qui se réunit le 13 juillet, émit le vœu « que la grève générale fût mise à l’ordre du jour de tous les Congrès ouvriers et que la Fédération nationale des syndicats et la Fédération des bourses se fondissent en une seule et même organisation. » Dès lors cheminèrent du même pas l’idée de la Confédération générale du travail et l’idée de la grève générale, l’une étant l’instrument ou l’agent de l’autre. Au Congrès de Nantes (1894), qui fournit une scène à un début éclatant, et qui mit aux prises les syndicalistes du nouveau jeu avec M. Jules Guesde et ses socialistes du vieux style, la grève générale fut votée par 65 voix contre 37. A Limoges, l’année suivante, on fonda la première Confédération générale du travail, mais des rivalités entre secrétaires l’empêchèrent de se développer. Le projet, repris au Congrès de Nice, en 1901, l’emporta enfin au Congrès de Montpellier, en 1902, où fut proclamée l’union de la Fédération des bourses et de la Confédération générale du travail, ou fédération des fédérations de syndicats. A ce moment, — pour donner une indication