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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/205

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(je crois) autour des druides. Les rayons de la lune éclairent d’abord le temple de Bélen. Voici, dans les ténèbres, deux bommes. L’un est Glaucus, vil espion de Tarquinia, femme du proconsul romain Torquatus. Et l’autre, Epodorix, chef des Arvernes, est le traître qui accepterait bien volontiers, pour la Gaule, la domination de Rome. Provisoirement, il donne à Glaucus la blonde chevelure de Velléda, que la druidesse a coupée et qu’elle a dédiée au Soleil rayonnant, le dieu Bélen. Les deux gaillards se sauvent. Paraît Katmor, l’Archidruide ; et paraît Velléda, fille de Katmor. Des songes troublent Velléda. En outre, quand elle était dans le temple, un homme, un sacrilège, a bousculé Katmor : il est entré, violant le sanctuaire et, vraisemblablement, désireux de profaner Velléda. Les chefs des Bellovaques, des Carnutes, des Allobroges, des Eduens, Armoricains, Tectosages et Arvernes se réunissent, aux fins d’élire le Brenn. Que Velléda, premièrement, donne la mort au sacrilège. On lui amène le prisonnier, la tête voilée de noir. Frapper un inconnu ? Velléda s’y refuse. Et l’on ôte le voile qui cachait le visage du prisonnier. Velléda reconnaît un garçon qu’elle vit en rêve et qui a des yeux farouches et doux. Non, Velléda ne tuera point ce jeune homme. Qui est-ce ? — L’Obscur, l’Errant, l’Exilé. On l’a vu, dans les monts des Allobroges, barde au sayon bleu, à la harpe d’argent, qui disait : « Fourbissez vos armes ! Allez à Bibracte ! Délivrez vos frères ! » On l’a vu aux fêtes de Narbonne, en haillons, invectivant contre les Gaulois qui, séduits par les élégances romaines, se couronnaient de roses et perdaient leur temps à regarder danser sous les arcades les joueuses de flûte. On l’a vu au sanctuaire-des Carnutes, monter sur un dolmen, agiter une torche et sommer les Gaulois de ne pas endurer l’esclavage. On l’a vu aux monts d’Arvernie. Il est du sang de Vercingétorix. Il est Celtil. Et il est l’héroïsme résistant de la Gaule. Son frère Epodorix, le traître, l’a exilé. Les chefs gaulois, à l’instigation de Velléda, le proclament leur Brenn.

Au deuxième tableau, dans l’atrium d’une villa romaine, sur les bords du Rhône, nous apprenons par le dialogue d’Epodorix le traître et du proconsul Torquatus les éclatantes victoires de Celtil : Bibracte est délivrée. Advient Celtil, pendant une trêve, pour l’échange des prisonniers : il est insolent à merveille. Mais, à demi couchée sur un lit de parade, la belle Hédonia Tarquinia reçoit Celtil et, conjugales rancunes, elle aguicherait volontiers le barbare : Celtil est tout à la pensée de Velléda. La Romaine alors se venge. Elle possède la chevelure de la druidesse, talisman de magie. Eh bien ! Katmor