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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/398

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mémoire. Quarante de tes concurrens étaient tombés dans la lice ; tranquille au milieu d’eux, tu as su conserver entier le char que tu conduisais et, de retour de ces jeux brillans, tu as revu les champs de la Libye et la ville où tu reçus le jour. »

Le sort de toutes les dynasties est de connaître les revers. Les mauvais jours vinrent vite pour les souverains de Cyrène. Des discussions intestines éclatent dans la famille régnante. Arkésilaos II est tué par son frère Haliarchos, mais sa femme Eryxo le venge en faisant périr le meurtrier. Le pouvoir royal est battu en brèche par l’opposition croissante du peuple. Un philosophe, Demonax, envoyé par l’oracle de Delphes, réorganise l’Etat et réduit la royauté aux seules fonctions sacerdotales. i Le roi Arkésilaos III refuse de reconnaître le fait accompli et revendique la plénitude de l’autorité royale. Il tente un coup d’Etat, mais, vaincu et banni d’Afrique, il se réfugie à Samos, y réunit des troupes et reconquiert son trône les armes à la main. Sa victoire fut éphémère. Un jour qu’il se trouvait à Barca et se promenait sur la place publique, les habitans l’attaquèrent et le mirent à mort.

Ces discordes intérieures produisirent une fois de plus leur effet habituel, l’intervention de l’étranger, La mère d’Arkésilaos. Phérétime, toute à sa vengeance, sollicita le secours du roi de Perse, Cambyse. Une armée perse envahit la Cyrénaïque et se rendit maîtresse de Barca par surprise. A la demande de Phérétime, les principaux habitans furent mis en croix, leurs femmes, affreusement mutilées, et tous les autres, réduits en esclavage. Une dernière convulsion provoqua la chute de la dynastie. Vers 460, un mouvement populaire éclata ; le roi Arkésilaos IV fut chassé et la royauté définitivement abolie.

Les Ve et IVe siècles représentent pour Cyrène la période d’apogée. La ville est riche, puissante, peuplée. La vie économique y atteint son plein développement ; la civilisation grecque y brille de tout son éclat. Jamais, dans le passé, le pays n’a plus complètement donné sa mesure. A aucun moment de son histoire, il ne saurait mieux nous révéler ses richesses, aujourd’hui latentes, et ses possibilités d’avenir.

La fertilité de la Cyrénaïque était proverbiale. « Cyrène productrice de froment, Cyrène nourricière de moutons, Cyrène aux beaux chevaux et aux gras pâturages, » sont des expressions qui reviennent constamment chez les auteurs anciens. Les céréales.