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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/412

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sur l’ordre de l’empereur Gallien. L’ouvrage, nous apprend-elle encore, était destiné à une cohorte, la VIIIe Fida, et a été exécuté par les troupes tripolitaines. Une seconde inscription découverte à Ksar Tarcine, sur l’Oued Hallouf, concerne un autre poste fortifié, le centenarius Tibubuci, achevé quelques années plus tard par le gouverneur de la province, Aurelius Quintianus. D’autres restes de fortifications ont été retrouvés sur divers points du massif à Dehibat, Remada, Khanefi, Henchir Remtia, etc.

Tous ces ouvrages se trouvaient sur territoire tunisien. En Tripolitaine, la ligne du limes suivait le rebord septentrional du plateau, au Nord du Djebel Nefousa. Elle couvrait donc, outre le littoral proprement dit, toute la plaine de la Djeffara. Le souvenir des anciens postes a survécu partiellement dans les noms de quelques localités modernes : Thramusdusin, Tramzin ; Thamascaltin, Slamat ; Thenteos, Zentan. De nombreux restes de castella, relevés de Nalout à Yffren, sur près de cent cinquante kilomètres, permettent de rétablir à coup sûr le tracé primitif.

A l’Est, le limes traversait le massif des Tarhouna en empruntant la vallée de l’Oued Temsiouan, — on en a retrouvé des vestiges notamment à Anessa qui semble être l’ancienne Thenadassa, — et venait aboutir sur la côte à la hauteur de Leptis, défendue par un camp important, les Castra Leptitana. Là se terminait le limes tripolitain au sens officiel du mot. Mais à l’Est, le littoral n’était cependant pas resté sans défense ; il y avait des fortifications aux points stratégiques les plus importans, à Base (vers le mouillage de Mersa el Arar), à Macomades Syrtis (Mersa Safran) ; des tours de garde à Turris et à Ad Turrem ; des détachemens militaires à Praetorium et à Praesidium, deux stations dont l’identification est encore incertaine.

La sécurité de la région côtière se trouvait ainsi suffisamment assurée, mais les villes du littoral étaient aussi des cités commerciales, intermédiaires naturels entre le monde méditerranéen et l’intérieur du continent africain. La liberté du commerce des caravanes était pour elles une question de vie et de mort. Les Romains furent donc obligés de faire, d’une manière constante, la police de l’intérieur et d’occuper, sur les routes du Sud, les points de passage et les gites d’étapes les plus importans.