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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/424

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soulevèrent en masse. Un certain Jonathan, qui se prétendait le Messie, réussit quelque temps à tenir la campagne, mais ses bandes indisciplinées ne purent tenir devant les troupes régulières du gouverneur. Jonathan, traqué sans pitié, fut fait prisonnier et mis à mort.

La révolte renaît plus grave encore à la fin du règne de Trajan. L’Empereur était alors retenu au fond de l’Orient par la campagne contre les Parthes. Les Juifs, saisissant l’occasion favorable, se soulevèrent à Cyrène, en Egypte, à Chypre. L’insurrection prit un caractère particulièrement atroce en Cyrénaïque : « Les Juifs de ce pays, nous dit l’historien Dion Cassius, ayant mis à leur tête un certain Andréas, égorgèrent les Romains et les Grecs, mangèrent leur chair, se ceignirent de leurs entrailles, se frottèrent de leur sang et se couvrirent de leur peau. Ils en scièrent plusieurs de haut en bas par le milieu du corps, en exposèrent d’autres aux bêtes et en contraignirent d’autres encore à se battre comme des gladiateurs ; ils en firent ainsi périr jusqu’à deux cent vingt mille. » Maîtres de la province, ils marchèrent ensuite vers l’Egypte pour y donner la main à leurs coreligionnaires. Mais leurs succès s’arrêtèrent là.

Trajan envoya contre eux deux de ses meilleurs généraux, Marcius Turbo, le préfet d’Egypte, et Lusius Quietus, un des héros des guerres daciques, un Africain ardent et impitoyable. Les Juifs furent exterminés et la révolte noyée dans le sang. L’ordre était rétabli, mais le pays était appauvri et dépeuplé. Hadrien, lorsqu’il le visita quelques années plus tard, fut vivement frappé du désolant spectacle qu’il avait sous les yeux. Il établit quelques colonies et répara de son mieux les désastres antérieurs. Une monnaie l’appelle « le sauveur de la Libye. » Mais, si bien intentionné que fût l’Empereur, toutes ces mesures restaient insuffisantes. La Cyrénaïque était depuis longtemps en décadence ; la, grande insurrection juive acheva de la ruiner, et d’une manière définitive.


La première occupation italienne de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque se présente à nous avec deux traits essentiels. Elle s’est maintenue dans des limites restreintes ; elle s’est opérée