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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/533

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et d’impurs. » On ne pouvait oublier « les thés chez Robert, » où, en compagnie de Danton et de Fabre, « d’Orléans faisait lui-même le punch, » — ce qui expliquait comment il avait favorisé l’élection de celui-ci en 1792. Il avait d’ailleurs trempé dans ses complots avec Dumouriez.

Alors Maximilien revenait encore sur tous ces événemens par peur qu’un seul fait, — si minime fùt-il, — échappât, qui pourrait être exploité contre l’ancien ami. Lors de l’affaire du Champ-de-Mars, il avait laissé 2 000 patriotes se faire égorger, mais lui s’était retiré à Arcis où il avait joui d’une sécurité bien suspecte. Il s’était encore, la veille du 10 août, retiré à Arcis, d’où on avait désespéré de le voir revenir et, dans la nuit du 9 au 10, il avait voulu se coucher et avait dû être entraîné par les Marseillais. A la Convention, il avait désavoué Marat, Robespierre, la Montagne, pour se montrer aux conspirateurs « conciliateur tolérant : » il ne s’était prononcé contre la Droite que parce qu’elle réclamait de lui des comptes. Il n’avait « pas voulu la mort du tyran, mais son bannissement, » et n’avait voté la mort que « par la force de l’opinion publique. » Il avait « vu avec horreur la révolution du 31 mai, cherché à la faire avorter, » essayé de sauver les Girondins, frayé avec les insurgés de Normandie. Il avait prétendu « dissoudre la Convention et établir la Constitution (sic). » Il avait, le 8 mars 1793, excité une fausse insurrection pour donner à Dumouriez « le prétexte de marcher sur Paris. » Enfin, il avait voulu récemment « une amnistie pour tous les coupables. » Les amis de Danton avaient naguère voulu renverser le Comité ; c’était lui qui avait inspiré la campagne du Vieux Cordelier ; il avait trempé dans les intrigues de Philippeaux, « accueilli à la barre les veuves des conspirateurs lyonnais, etc. »

La semaine s’avançait : Robespierre ne jetait plus sur le papier, le temps pressant, que des notes plus informes : elles visaient les amis qui, avec Danton « s’étaient rendus coupables de tous les crimes à la fois. »

Et ayant terminé son travail, l’ancien ami de Danton le porta à Saint-Just, qui saurait bâtir là-dessus le réquisitoire virulent qu’il fallait. Saint-Just n’ajoutera que quelques faits probablement fournis par Billaud, autre ancien ami et précieux collaborateur, puisque, de 1789 à 1792, il n’avait jamais perdu de vue son bienfaiteur. Pour le reste, Saint-Just se contentera