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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/568

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un coup de main rapide, soit à se saisir d’une île ou d’une presqu’île trop détachée de la terme ferme, soit à ouvrir les voies dans une région bien choisie, au point de vue stratégique, à une véritable armée de débarquement.

Nous allons examiner ces divers cas.


10 canons de 280 millimètres, voire de 305, c’est peu pour accepter la bataille contre les cuirassés de demain qui, tous, présenteront des calibres échelonnés entre le 343 et le 381, — peut-être le 400 millimètres dont nous menacent les Américains et les Italiens, — et qui auront un plus grand nombre de pièces, en tout cas, que le Tiger, le Kongo ou les Borodino.

C’est peu, disons-nous. Mais ce qui est tout à fait insuffisant, c’est ce revêtement métallique de la flottaison dont l’épaisseur n’atteint 23 centimètres qu’au milieu du bâtiment, tombant à 10 centimètres, quelquefois moins, aux extrémités avant et arrière de la ceinture. Car enfin, si la lutte d’artillerie commence à 10 000 ou 12 000 mètres, comme l’affirment des officiers qui ne connaissent guère que les horizons clairs et les ciels lumineux du Midi, il semble difficile que les péripéties d’une action violente, — quand on veut se battre sérieusement, d’instinct, on se rapproche ! — ne ramènent pas les acteurs du drame aux distances moyennes de 3 000 à 6 000 mètres, où, seuls, les épais cuirassemens, les 30 à 33 centimètres des bâtimens de ligne assurent une efficace protection.

Supposer que, dans de telles conditions, les Seydlitz, les Derfflinger, les Lützow resteront rivés à l’ordre de bataille de cuirassés mieux armés et mieux protégés, comme les 4 Oldenburg et les 4 Kaiser, ce serait faire tort aux méthodes tactiques des chefs de la marine allemande. Il faut admettre, au contraire, qu’ils se détacheront de la ligne en temps utile et se serviront de leur sensible supériorité de vitesse pour manœuvrer. Ils pourront ainsi prendre sur les flancs de l’ennemi et à une distance bien choisie, des positions favorables où s’atténuera l’effet de l’artillerie adverse (d’ailleurs obligée de diviser son effort), tandis que la leur, si elle ne peut prétendre à percer des plaques de flottaison, bouleversera du moins les superstructures et paralysera, par les chocs répétés de ses projectiles, tourelles, casemates et blockhaus.

Reste, pour épuiser les considérations de l’ordre purement