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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/574

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ayant battu la flotte austro-italienne, a pu, non pas se porter toute dans le Nord, — car elle ne saurait abandonner un bassin maritime que les vaincus domineraient aussitôt avec le reste de leurs forces, — mais y détacher ses meilleurs élémens [1] pour contrarier les opérations conduites sur notre littoral de l’Océan ?

Dans ce cas, les croiseurs de combat allemands, formés en escadre d’observation avec les plus « endurans » des éclaireurs rapides et des grands torpilleurs, auraient pour mission de courir au-devant de l’adversaire, jusqu’à Gibraltar, si possible, et de retarder sa marche, de le mettre en désordre, de lui infliger des pertes par des attaques brusquées, de nuit, tactique qui convient parfaitement à des unités de grande vitesse, bien pourvues de combustible, suffisamment armées et défendues pour ne pas craindre de s’engager d’assez près, montées d’ailleurs par des équipages bien dressés, entraînés au sang-froid et à une exacte discipline du feu.


Arrivons à la « guerre commerciale. »

Il n’y a guère de sujet qui n’ait soulevé plus de controverses, il y a quelques années, dans nos cercles maritimes que celui de l’efficacité de ce moyen de venir à bout de l’adversaire qui consiste à l’affamer en capturant ses convois de céréales, de viandes frigorifiées, de beurres, œufs, légumes [2], etc., etc. ou seulement à paralyser son industrie en interceptant les arrivages de matières premières, coton, laine et textiles divers, cuirs et peaux brutes, métaux, huiles, pétroles, mazout et essence, produits chimiques : ou enfin à arrêter net les opérations de ses armées en enlevant les cargos qui leur apportent de l’étranger des armes, des munitions, des effets d’habillement et d’équipement, des selles et harnachemens, des chevaux même et des voitures spéciales, toutes fournitures qui, au bout de deux ou trois

  1. Ce seraient en ce moment, avec les 2 nouveaux « Dreadnoughts, » Jean-Bart et Courbet, les six « demi-Dreadnoughts » du type Danton et les 5 Patrie, le tout éclairé par les croiseurs cuirassés du type Edgar-Quinet et par les torpilleurs d’escadre de 700 tx.
  2. Céréales et viandes frigorifiées empruntent, pour l’Angleterre, les voies de l’océan Atlantique ; les autres denrées lui viennent (ainsi qu’un bon nombre d’animaux sur pieds), par la mer du Nord et la Manche, des États scandinaves, du Danemark surtout, de la Hollande et de la France.