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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/582

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que nous ayons les bâtimens qu’exigerait la mise en jeu rationnelle et vraiment efficace de ce puissant moyen d’action.

Ce n’est pas assez, d’ailleurs, que nous manquions du nécessaire sur un point aussi essentiel. Le peu de forces que nous y entretenons n’a pas davantage de point d’appui commode, bien à portée, bien organisé. De divers côtés, dans ces derniers temps, on a préconisé la création d’un camp retranché maritime qui, embrasserait, grâce aux précieux « bancs de Flandre, » la rade fermée de Dunkerque, — refuge inviolable, mais un peu éloigné du champ d’action, — et la rade foraine de Calais, si bien placée comme point de départ des offensives brusquées dans le détroit. Ce camp retranché, dont l’enceinte extérieure serait déterminée par des ouvrages à établir en mer sur certaines têtes de banc favorables, est absolument indispensable ; et grâce à cette place d’armes, notons-le, nous pourrions utiliser avantageusement, pour la défensive active, des bâtimens de ligne d’un type ancien qui, étendant de plusieurs milles au large le rayon de la zone de protection du camp retranché, appuieraient à merveille, la nuit surtout, les opérations des petites unités et couvriraient en tout cas leur retraite.

Mais ce n’est pas tout. Si nous voulons de sérieuses garanties pour le maintien de nos communications avec l’Angleterre, ce n’est pas seulement du côté de la mer du Nord qu’il faut couvrir le Pas de Calais, c’est aussi du côté de la Manche elle-même, puisque aussi bien les grands croiseurs allemands peuvent, après avoir fait, par le Nord, le tour de la Grande-Bretagne, apparaître par l’Ouest en face de Gris-Nez. Et pour mieux dire, ce qu’il faut garder jalousement, c’est tout le bras de mer compris entre le Cotentin et le saillant du Boulonnais, ce qui exige la constitution, à Cherbourg, d’un camp retranché maritime au moins aussi étendu, aussi bien armé, aussi bien muni de forces mobiles de tout genre que devrait l’être celui de Dunkerque-Calais.

A Cherbourg, heureusement, le plus fort est fait, puisque nous y avons déjà une rade relativement bien défendue et qui le sera mieux encore, sans doute, dans quelque temps. Il y aura cependant à reporter plus au large, — et cela est possible, — le front armé de cette place maritime qui, dans la situation actuelle, peut être efficacement bombardée de la haute mer.

Voilà donc pour la Manche et pour les communications avec