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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/611

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Examinons donc ces objections « qui se pressent en foule, » mais qui, dans le rapport, se limitent à deux.

M. Valin pense qu’elles suffisent pour réduire à néant toutes les raisons que, dans une lettre entièrement de sa main, le Saint-Père a appelées : « une heureuse découverte, » toutes les preuves qui ont fait écrire à Mgr Touchet : « Vous m’avez conquis, » preuves qui ont convaincu M. Aynard au point de le faire intervenir auprès de M. le maire de Rouen, et qui ont entraîné tant d’autres adhésions.

Que vient leur opposer M. Valin ?... Une théorie juridique, sur laquelle il édifie une supposition !

Comme théorie, il expose le peu de sûreté et les difficultés que présente, en justice, une expertise en écriture, et il suppose une expertise ; d’où, énumération de ce qu’aurait exigé un tribunal.

Si la signature que Cauchon prétendait avoir été mise par Jeanne, au bas de la cédule d’abjuration, pouvait être présentée, une expertise aurait eu sa raison d’être pour établir la fausseté de cette signature en la comparant à la signature des trois lettres de Riom et de Reims ; mais aucune expertise n’est possible, car si Cauchon affirma la signature, il ne la montra jamais, puisqu’elle n’existait pas.

Telle que la question se présente, il s’agit non d’expertise en écriture (calligraphie) mais de critique historique.

Nous sommes en présence d’un fait : Trois signatures existent ; ces signatures sont au bas de trois lettres dictées par Jeanne d’Arc.

Les lettres sont-elles les originaux, et les signatures sont-elles de la Pucelle ? M. Valin n’oserait le nier ; aussi ne pose-t-il pas la question avec cette précision, mais il s’en prend à la démonstration qui a été apportée, et il dit : « Rien qu’en examinant trois signatures de dates différentes, sans un renseignement complémentaire, sans un indice autre que ceux que M. de Maleissye tire de l’examen des lettres (forme des jambages) sur lesquels il puisse étayer ses raisonnemens, il arrive à résoudre affirmativement la question qu’il s’est posée. »

Que supposer d’une telle allégation, si ce n’est qu’après avoir jeté un rapide coup d’œil sur les premières pages où sont présentées les signatures, M. Valin n’a rien lu, rien examiné ? Cette question de la signature a été abordée sous toutes ses faces dans la Revue du 1er février 1911, et lorsqu’il prétend