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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/648

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croire que je puisse changer. Vous vous connoissez, vous estes le plus aimable de tous les hommes, et il est impossible que l’on puisse songer à rien après vous. Rassurez-moi sur toutes mes inquiétudes, j’en ai besoin, et s’il vous reste le moindre doute sur tout ce qui me regarde, il me sera fort aisé de vous en éclaircir.

« Je n’ai fait aucune démarche que je ne sois bien aise que vous en soyez informé... Mes paroles et mes actions sont irréprochables, et quelque sévère que vous soyez, vous ne pourrez y trouver à redire. Je ne saurois oublier que vous voulez m’abandonner, il me semble que cette résolution vous couste bien peu à prendre. Je n’auray point de repos que je ne sache comment je suis avec vous. Si la plus tendre passion du monde et une fidélité inviolable peuvent vous contenter, vous devez l’estre. »


Konigsmarck, toujours sans lettres de Dorothée, apprend qu’elle a dansé à un bal donné en l’honneur de sir William Colt. Nouvelles colères de sa part :


Le 5/15.

« Le lieutenant qui étoit allé aux quartiers de la Cour m’apporte un grand baquet (sic) [1], je fus dans la dernière joie, croyant invaliblement (sic) j’en aurois de vous, mais je fus bien trompé, car je n’en trouvai point que du prince Ernest et du felt-marescal. Toute la terre écrit, hormis vous. Je vous en ai temps (sic) dit, que je ne vous dirai plus rien. Vous avez dansé au bal de Colt... »


Nouvelles justifications de Sophie-Dorothée :


Brockhausen, 3/13 juillet.

« Je suis dans une douleur mortelle et je ne saurois plus résister au chagrin que vos injustes soupçons me donnent. Vous m’avez dit vous-même de n’écrire qu’une fois à Wesel. Je l’ai fait, et toutes mes autres lettres ont été à Anvers. Vous devriez pourtant en avoir reçu, et je ne sais à qui je dois attribuer cette négligence ; mais vous avez le plus grand tort du monde de croire que j’en puisse avoir pour vous. Le tems vous

  1. Exemple typique d’orthographe phonétique ; Konigsmarck prononçait évidemment le moi paquet à l’allemande.