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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/678

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même temps qu’il élargit le domaine des connaissances utiles et des préceptes féconds. Reculer toujours les bornes du savoir, tel est le rôle principal du professeur de l’enseignement agricole supérieur. L’influence du maître s’étend alors sur toute la classe des agriculteurs intelligens et avides de s’instruire ; il enseigne ceux-là mêmes qui ne suivent pas ses leçons.

L’élève d’ailleurs est le premier à profiter de ce que nous appellerons volontiers la haute culture intellectuelle du maître qui travaille et ne se lasse pas de chercher. L’influence de ce maître s’accroît à mesure que se fortifie la confiance et que naît le désir de l’imiter en cherchant à son tour, en découvrant, en suivant une méthode et un exemple. C’est ainsi, disait encore Sorel, que s’établit la communication mystérieuse entre le professeur et l’élève, appel réciproque des intelligences, impulsion continue d’une idée maîtresse — le progrès des connaissances — qui domine toutes les parties d’un cours et s’imprime de toutes parts dans l’esprit de l’élève parce qu’elle est toujours présente à l’esprit du professeur.

Que faut-il assurer à ce dernier pour qu’il puisse accomplir cette tâche tout entière ? Il faut lui donner des moyens de travail et d’informations, c’est-à-dire des ressources, des loisirs, c’est-à-dire des moyens de subsistance assez larges pour qu’il ne soit pas contraint de se livrer à des besognes inférieures qui épuisent son activité, l’étouffent ou la dispersent.

Réaliser cette double amélioration qui serait une innovation, telle doit être l’œuvre des pouvoirs publics, et, chose étrange, ni les rédacteurs du projet, ni la Commission de l’agriculture, ne paraissent y avoir songé.

Comparées au rôle du professeur en matière de recherches scientifiques, les modifications du programme des études doivent être tenues pour peu de chose, car ces programmes eux-mêmes ne valent que par la façon dont ils sont compris et développés.

Nous n’attachons guère plus d’importance aux rivalités qui existent, paraît-il, entre les diverses écoles supérieures. Ces rivalités ne sont-elles pas utiles si l’ardeur de bien faire, l’émulation, la sympathie très naturelle des élèves à l’égard de leur école, tournent au bien général ? Les maîtres eux-mêmes sont des émules et non pas des rivaux.

Qu’on se garde surtout de supprimer une des écoles supérieures ! Non seulement elles sont toutes utiles parce que ce