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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/707

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disait le philosophe antique. Cela est toujours vrai, et seuls les myopes peuvent avoir l’illusion contraire. Mais la science nous aide à mettre des bésicles aux plus myopes des myopes.

Parmi les autres fléaux qui relèvent des mêmes méthodes préventives et curatives que la peste et la dysenterie bacillaire, il faut citer avant tout la méningite cérébro-spinale, dont les ravages abattent chaque année un important contingent de victimes, et à qui les conditions sanitaires déplorables constatées récemment dans notre armée ont donné un triste renouveau d’actualité.

La méningite cérébro-spinale est causée par une bactérie découverte en 1887 par M. Weichselbaum dans les méninges et le liquide céphalorachidien, et qu’il a appelée le Diplococcus intracellularis meningitidis. Dans la pratique, on remplace ce nom un peu trop moliéresque par celui de méningocoque. Grâce au sérum antiméningococcique, que l’on prépare à la manière habituelle par injections à des animaux de cultures microbiennes, et qu’on injecte dans le rachis des malades, ce terrible fléau, qui était jadis presque toujours sans rémission, a vu sa mortalité diminuer dans des proportions énormes. Par exemple, dans la grande épidémie récente de la Province Rhénane, en Allemagne, les méningitiques sans traitement mouraient dans la proportion de 80 pour 100, tandis que les malades traités par le sérum n’avaient qu’une mortalité de 12 à 15 pour 100. Mais ici aussi, il importe que le traitement sérothérapique soit institué dès le début de la maladie. Trop de nos petits soldats ont succombé faute de cela.

Pour compléter cette première partie de notre exposé qui concerne la vaccination et la sérothérapie anti-microbiennes, il nous resterait à exposer les recherches entreprises contre l’un des plus grands fléaux actuels : la fièvre typhoïde. Ces recherches touchent à des questions essentielles de prophylaxie, de thérapeutique, de législation même. Elles sont d’une très grande importance. Mais, quoique issues des idées pastoriennes, comme elles ont été réalisées pour la plupart en dehors de l’Institut Pasteur lui-même, elles sortent un peu du cadre que nous nous sommes tracé et nous nous réservons de leur consacrer dans quelque temps une étude particulière, que justifiera par ailleurs l’importance du sujet.


Dans toutes les maladies que nous venons d’examiner, l’agent essentiel des troubles est le microbe pathogène lui-même, qui cause des lésions morbides, et les sérums défensifs réalisés contre elles sont des