Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/798

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus à leur aise. Leurs auteurs, dont le plus ancien est Petitot, appartiennent pourtant soit par leur vieillesse, soit par leur jeunesse, au XVIIIe siècle, et c’est une galerie historique, charmante et instructive, qui se déroule là, dans les œuvres de Perrin, Vestier, Drouet, Saint, Quaglia, Dumont, Bernard, Sicardi, Augustin, Fragonard, Mme Fragonard, Hall, Duplessis, Roslin ; c’est toute l’histoire de la miniature-portrait en France. Quant au mobilier, ce sont aussi les ébénistes et les tapissiers les plus célèbres du XVIIIe siècle qui en ont fourni les pièces principales ; guéridons, écrans, lits de repos, canapés, fauteuils, tabourets, toutes les « commodités de la conversation » si ingénieusement variées dans leurs formes et leurs décors engageans, pour le caquetage et la rêverie, par la libre fantaisie d’incomparables ouvriers. Et, c’est avec un soin pareil que dans les petits salons, boudoirs, cabinets d’étude à la suite, l’imagination est maintenue dans la même atmosphère d’élégance mondaine et française.

Dans le grand salon central, au contraire, comme dans une tribune d’honneur, quelques belles œuvres en peinture des grands Flamands, Hollandais, Espagnols, Français, planent au-dessus d’une superbe vitrine et de grands coffres et tables peuplés de céramiques, émaux, verreries de Limoges et Venise, orfèvreries d’Orient, petits bronzes, statuettes, plaquettes, médailles de Florence et Padoue, pour y attester l’étroite parenté de tous les arts en tous pays, dans tous les temps, lorsqu’ils trouvent l’expression de la beauté dans la même sensibilité devant les phénomènes infinis de la nature et de la vie.

A la suite du Hall, avant d’entrer dans le cabinet des peintures italiennes du XVIe siècle et de monter vers la fresque de Tiepolo et les vastes galeries de la Renaissance, c’est avec le même goût qu’est ménagée une station devant quelques beaux débris de statuaire grecque et romaine. N’est-ce pas, en effet, la préparation nécessaire à l’intelligence de cette multiplicité de marbres, bronzes, terres cuites, retables et coffres peints, tous imprégnés des réminiscences de l’art antique qui vont nous retenir bien plus longtemps là-haut, comme dans le studio d’un cardinal, prince ou banquier, humaniste passionné de la Renaissance au XVIe siècle ?

En réalité, on le voit donc, le dilettantisme ardent et libre, réfléchi et méthodique, de M. et Mme Edouard André n’a point