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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/808

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Seul, sur l’estrade rouge, en face du Primat, en pleine lumière, il tendait son front et ses mains : il entr’ouvrit, ensuite, lui-même sa tunique, et reçut l’onction sainte, dans toutes les formes prescrites par la Liturgie.

Au texte de l’hommage, rendu « aux Rois du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, » ont été ajoutés quelques mots significatifs : « et des Possessions Britanniques au delà des mers, Défenseurs de la Foi, Empereurs de l’Inde. » Le même effort pour accroître le caractère impérial de cette cérémonie religieuse apparaît dans d’autres détails. Sur l’étole et le ceinturon en drap d’or, bordé de soie écarlate, le lotus, la feuille d’érable, une branche de mimosa, la croix du Sud, — ces symboles des armoiries indienne, canadienne, sud-africaine et australasienne, — figurent à côté de la rose d’Angleterre, du chardon d’Ecosse, du trèfle de l’Irlande et du dragon de Galles. Les étendards des quatre grands domaines impériaux figurent désormais dans le cortège, à côté des couleurs des quatre royaumes et des objets ; rituels du sacre, épées et orbes, portés par les lords et par les pairs. Les ministres et les gouverneurs ne sont plus seuls à représenter, sous les voûtes de Westminster, l’Empire britannique : près d’eux viennent s’asseoir des princes indiens et des délégations parlementaires. Et il est probable que les yeux de l’Amiral Suprême, à son entrée et à sa sortie de l’Abbaye, s’arrêtèrent moins sur les princes, qui, dans les stalles, représentaient les dynasties et les nations européennes, que sur les colons et sur les indigènes, dont la présence lui rappelait les terres qu’il avait foulées, les océans qu’il avait sillonnés, au cours de quinze années passées au service de la Reine et de l’Empire.


A peine étaient-ils remis des fatigues du sacre, que George V et la reine May entreprirent une tournée à travers les terres historiques, dont l’ensemble forme le Royaume-Uni. Ces visites traditionnelles ne mériteraient pas de retenir l’attention de l’historien si, dans des détails, n’apparaissait point la marque d’une volonté.

Certes l’héritier d’Edouard VII n’eut qu’à s’inspirer des souvenirs laissés par son père, à suivre ses conseils et à relire.sa parole, pour provoquer l’enthousiasme, toujours débordant, de