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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/814

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des races indigènes la plus haute des approbations : « Il y a six ans, dit-il, j’envoyai d’Angleterre à l’Inde un message de sympathie. Aujourd’hui, d’ici, je donne à l’Inde pour mot d’ordre : espoir. » Partout, je vois les signes et les impulsions d’une vie nouvelle. L’instruction vous a appris à espérer ; et sur une instruction meilleure et plus haute, vous fonderez des espérances plus hautes et meilleures... C’est mon désir qu’on puisse jeter sur toute cette terre un réseau d’écoles et de collèges, d’où sortiront des citoyens loyaux, virils et utiles, capables de tenir leur place dans les industries, dans l’agriculture et dans toutes les branches de la vie. C’est également mon désir que les foyers de mes sujets indiens puissent être illuminés et leur labeur adouci par la diffusion du savoir, avec tout ce qu’il entraîne après lui : un plus haut degré de vie intellectuelle, de bien-être et d’hygiène. Par l’instruction, mon désir sera réalisé. La cause de l’instruction me tiendra toujours fort à cœur. » Et les étudians indigènes, les larmes dans les yeux, baisèrent le sol, sur les pas de l’Empereur et Roi. Cette adhésion aux revendications morales des nationalistes, cet encouragement à leurs aspirations intellectuelles décuplaient la valeur des réformes promises. Le peuple indien pouvait, désormais, compter sur le plus puissant des interprètes et le plus élevé des arbitres. La blanche et blonde effigie, venue d’Occident sur un blanc steamer, apparaissait comme le messager d’une ère nouvelle.

Et pour un temps, les cris de haine cessèrent ; les bombes se turent ; les poignards rentrèrent dans le fourreau. Les Indes connurent une accalmie aussi précieuse qu’inattendue.


Aux acclamations des villes indiennes, répondent celles des villes anglaises. Les journaux, les photographies, le cinématographe centuplent le nombre des Européens privilégiés, qui avaient pu assister au Durbar de Delhi, et aux processions de Calcutta, le Nauruz Mahométan et le Dasahara Hindou. Le régal coûteux de quelques touristes devint le spectacle bon marché des multitudes ouvrières. Elles voyagent à leur tour. Elles s’embarquent. Elles naviguent. Elles arrivent. Et voici que les visions, que, depuis des années, les romans et les journaux évoquent devant les yeux du petit employé et du travailleur manuel, deviennent une réalité tangible. Les éléphans caparaçonnés