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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/832

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« À l’âge de vingt ans, il était de taille moyenne, bien proportionné, élancé, les épaules tombantes, le visage un peu allongé, le nez fort et aquilin, les yeux bleus larges et à fleur de tête, les sourcils noirs, allongés, le front très haut, les cheveux abondans et tombant bouclés presque jusque sur les épaules, les lèvres bien faites et sinueuses, l’air pensif et doux. »

Si j’avais à compléter cette charmante image, j’emprunterais quelques traits à celle que Montalembert a tracée de Lacordaire à la même époque, c’est-à-dire à son entrée dans la vie religieuse. Il nous le montre avec une taille élancée, des traits fins et réguliers, un front sculptural, l’œil noir et étincelant, avec je ne sais quoi de fier et d’élégant en même temps que de modeste dans toute sa personne. « Tout cela, ajoute-t-il, n’était que l’enveloppe d’une âme qui semblait prête à déborder non seulement dans les libres combats de la parole publique, mais dans les épanchemens de la vie intime. » Ceux qui ont connu l’évêque d’Orléans seront frappés par ce qui peut s’appliquer à lui dans ce portrait de Lacordaire.

Il y eut du reste entre eux plus d’un point par où ils se ressemblèrent, ne serait-ce que la tendresse paternelle qu’ils ont professée tous deux pour les enfans et les adolescens, leur effort pour inculquer dans ces jeunes âmes la foi religieuse, le goût des lettres et les nobles sentimens du patriotisme et de l’honneur. Dupanloup n’a pas possédé autant que Lacordaire le don magique de l’éloquence, quoique sa parole fût imagée et entraînante, chaleureuse et persuasive. Mais il suffit de lire ses instructions et ses avis à la jeunesse pour constater que, la plume à la main, ces deux hommes se valent, qu’ils ont été également des éducateurs hors de pair et que les relations affectueuses qui ont existé entre eux, l’estime qu’ils professaient l’un pour l’autre, avaient pour base une compréhension identique des intérêts de l’Église dans les temps où nous vivons comme des devoirs qui s’imposent à ses défenseurs.

Tel qu’il apparaît à travers les souvenirs que nous gardons de lui, Dupanloup était visiblement marqué pour marcher à grands pas dans la carrière qu’il s’était choisie. En 1825, les protections que lui avaient conquises ses mérites le font nommer vicaire à la Madeleine, et là il est particulièrement chargé des catéchismes, catéchisme préparatoire à la première communion et catéchisme de « persévérance » destiné à entretenir