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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/89

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président de la commission ; en conséquence encore, une nouvelle proclamation pour annoncer aux ouvriers que la commission de gouvernement s’occupe d’eux et pour les engager à reprendre leurs travaux. Ce sont ensuite des décrets diminuant d’une heure la journée de travail et portant abolition du marchandage ; établissant dans chaque mairie un bureau gratuit de renseignemens pour les offres et demandes de travail ; un arrêté qui prescrit la mise en liberté de trois ouvriers charpentiers détenus par suite de la grève de 1845, et rend cette mesure applicable à tous les ouvriers détenus par suite de grève ou de coalition. Puis le gouvernement provisoire revient à « la répression de l’exploitation de l’ouvrier par le marchandage ; » il suspend le travail dans les prisons, afin de paralyser « la concurrence désastreuse que la spéculation fait ainsi au travail libre et honnête ; » il prend à la charge de l’État le tiers des dépenses des ateliers nationaux de la commune de Belleville, met à la charge de la ville de Paris le second tiers, Belleville ne supportant plus que le dernier ; et il s’enfonce en des embarras chaque jour augmentés, jusqu’à ouvrir par décret un crédit extraordinaire pour les dépenses des ateliers nationaux ; il se débat là dedans comme il peut, commande des écharpes et des drapeaux à la fabrique de Lyon, donne une sanction au décret du 2 mars concernant la fixation de la durée du travail à Paris, adresse une proclamation aux travailleurs étrangers, supprime, à Paris, le droit d’octroi sur la viande de boucherie, la viande fraîche de porc et la charcuterie, promet de modifier le droit d’octroi sur les vins, derechef ouvre un crédit extraordinaire pour les ateliers nationaux, invite les citoyens à la concorde, et non content des cérémonies qu’il préside dans la métropole, institue une fête du travail aux colonies. Dans tout cela, il y a du bon et du mauvais ; beaucoup de mauvais, mais du bon. Il y a la démarche incertaine d’un gouvernement qui n’a pas voulu tout ce qu’il a fait, ni fait tout ce qu’il a voulu. Et cela, ce qu’il a fait, le voulant ou non, le voulant plus ou moins, ce n’est rien, auprès de ce qu’on aurait voulu qu’il fit. Les actes de ce gouvernement ne sont rien, en comparaison des rêves qui fumaient alors dans l’esprit public.

Voici donc ce qu’on a pu dire inédit, inouï, tout nouveau comme le nouveau prince lui-même, au moins en France. Jamais encore, jusque-là, gouvernement n’avait pris cette