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LA CRISE DE L’ÉTAT MODERNE[1]

LE « MYTHE » DE « LA CLASSE OUVRIÈRE »


I

Enfin, le nouveau prince est venu ; le règne de l’ouvrier est arrivé. D’abord, comme il avait laissé parler les autres, il les laissa aussi gouverner pour lui et par lui, dans son intérêt et en son nom. Il souffrit qu’une régence précédât l’exercice personnel de son pouvoir et s’accommoda pendant quelque temps de n’avoir au gouvernement qu’un témoin. Mais, dès le début, tout de suite, tout le monde sait, tout le monde sent qui est le nouveau prince, et la législation s’oriente pour l’apaiser, le flatter, au besoin le nourrir, et lui plaire par le pain et par les jeux, par le travail et par les fêtes. En un peu moins de trois mois, du 24 février au 8 mai 1848, on relève, parmi les « actes du gouvernement provisoire, » un décret concernant les objets engagés au Mont-de-piété ; un décret » établissant les Tuileries comme asile des invalides du travail ; » une proclamation par laquelle le gouvernement provisoire s’engage à fournir du travail à tous les citoyens ; un décret portant établissement d’ateliers nationaux ; un arrêté qui établit des ateliers de terrassement ; une proclamation créant une commission de gouvernement pour les travailleurs, et, en conséquence, un arrêté invitant les gardiens du palais du Luxembourg à mettre ce palais à la disposition de MM. Louis Blanc et Albert, président et vice-

  1. Voyez la Revue du 1er février 1914.