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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/890

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Hélas ! comme elles sont aujourd’hui moins profondes,
Qu’elles me versent moins de vague et tendre foi.
Les nuits d’été ! Combien souvent, même pour moi,
La musique a roulé moins de rêve en ses ondes !

Mais non, je suis toujours ému, puisqu’en secret
Je pleure au chant perlé qui dans le vent dévie ;
J’ai seulement changé d’émoi selon la vie :
Je n’ai que remplacé l’espoir par le regret !


MATIN DE PROVENCE


Vous où pleut l’azur du printemps,
Pins courbés, cistes aux fleurs frêles,
Pleins de fuyantes sauterelles
Et de papillons palpitans,

Comme baigne en votre lumière
Mon cœur que je croyais flétri !
Comme en moi remonte le cri
De la confiance première !

Non, tout n’est pas encor perdu,
Rien n’est fini de ma jeunesse.
S’il suffit, pour qu’elle renaisse,
D’un ciel chaud sur un pin tordu,

Si, par un matin de Provence,
Doutant de la vie et de moi.
Soudain je sens la même foi
Qu’aux jours les plus bleus de l’enfance !


FERNAND GREGH.