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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 21.djvu/108

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personne en qui l’on peut avoir toute confiance : un malheur est arrivé là-bas. Le larmoyant témoignage de cette disgrâce n’a du reste pas dépassé la première heure de sa vie. Et maintenant nul ne sait ce que dissimule la petite éminence dans le cimetière villageois. » Je me demande où Paul Heyse a pu rencontrer des logeuses à ce point talon rouge. Ou plutôt, je suis bien sûr qu’il n’a pas tracé d’après nature le portrait de cette éloquente personne. Certes, je préfère ce trop beau langage au dégoûtant jargon des concierges de Pot-Bouille ; mais Paul Heyse, — j’y reviens, — a peut-être contribué par ses cérémonies idéalistes aux impures orgies du naturalisme.

Le jeu fatal des forces spirituelles, — qui alternent en poésie comme en politique, comme partout, — devait faire succéder à la littérature éthérée de Paul Heyse la littérature brutale de MM. Holz, Schlaf et Hauptmann première manière. Mais voici : la formule brutale est à son tour vieillie et dépassée. En Allemagne comme en France et dans le monde entier, le lecteur réclame de nouveau des fictions ménageant à la beauté et à l’idéal leur part.

J’ignore si l’œuvre de Paul Heyse a bénéficié de ce fait d’un regain de faveur auprès du public ; mais elle mérite assurément cette réhabilitation, cette consécration. La postérité, — la chose est certaine, — achèvera de venger Paul Heyse des mépris éphémères du naturalisme.


MAURICE MURET.