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ne possèdent encore aucune terre, et ensuite à ceux qui possèdent moins de 5 hectares. Une loi de 1887 institua dans chaque arrondissement une commission chargée de vérifier si les terres avaient bien été attribuées aux ayans droit. Une statistique de 1906 constate que 48 622 paysans « nouveaux mariés » sont devenus propriétaires de 229 000 hectares, que l’Etat leur a vendus depuis 1878, la part de chacun variant de 1 à 6 hectares. Le 7 avril 1889, une nouvelle loi modifia les conditions de vente des biens domaniaux, qui ne pourront désormais être acquis que par des cultivateurs roumains. Les trois quarts de chaque terre devront être divisés en petits lots ; un quart seulement pourra échapper au morcellement. En même temps on imposa aux acquéreurs l’obligation de s’établir sur le domaine acheté par eux. Une loi de 1896 supprima la vente par lots de plus de 5 hectares et permit aux instituteurs, prêtres et desservans, de se porter acquéreurs. Une enquête récente a établi que les cinq sixièmes environ des acquéreurs ont cultivé eux-mêmes leurs lots, tandis que les autres les ont aliénés ou loués, faute de capital leur permettant de les exploiter, ou à cause de l’éloignement de leur résidence.

En 1905, la propriété se répartissait comme suit :


Genre de la propriété Superficie en hectares Proportion pour 100 Nombre de propriétaires
Petite propriété jusqu’à 10 hectares 3 320 000 41 1 015 302
Moyenne propriété. 10 à 50 hectares 696 000 9 36 318
« 50 à 100 hectares 165 000 2 2 381
Grande propriété 100 à 500 hectares 786 000 10 2 608
« au-dessus de 500 hectares 3 002 000 38 1 563
Total 7 969 000 100 1 058 172

Ces chiffres ne contiennent que les terres de labour, les prairies, les pâturages et les plantations de pruniers ; ils laissent de côté les forêts, les vignobles, les marécages, les carrières, qui couvrent plus de 5 millions d’hectares. Parmi les 1 563 propriétaires qui possédaient alors les trois huitièmes de la superficie considérée, se trouvaient les institutions publiques de bienfaisance, en première ligne l’Ephorie des hôpitaux civils de Bucarest, qui possédait 141 671 hectares de terres arables, les sociétés d’assurance, l’administration des hôpitaux Saint-Spiridon à Jassy, les communes, les églises, la fondation Brancovan.