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autour d’un axe peu incliné sur l’écliptique et dans le même sens que la Terre sur elle-même et les planètes autour du Soleil. Par ce procédé, que compléta d’abord l’observation des facules, on a découvert les lois si curieuses qui régissent sa rotation. Elle ne se fait nullement en bloc comme celle d’un astre rigide et cohérent : elle se fait en à peu près vingt-cinq jours à l’équateur et plus lentement de part et d’autre de celui-ci, de telle sorte, qu’à égale distance des pôles et de l’équateur, il faut à la photosphère 27 jours et demi, soit 2 jours et demi de plus pour faire une rotation complète. Cela est fort curieux, d’autant plus qu’on se serait plutôt attendu à voir l’équateur tourner moins vite que le reste, puisque, pour une même vitesse angulaire, sa vitesse linéaire serait plus grande. Nous n’entrerons pas dans la discussion des innombrables théories qui ont été édifiées pour expliquer ces faits. Elles sont toutes trop compliquées pour ne pas toucher dans leurs méandres la vérité par quelque point, et trop ingénieuses pour être parfaites. Aussi bien les faits seuls importent ici.

Mais c’est surtout l’analyse spectrale, auxiliaire imprévue de l’astronomie de position qui nous a donné des renseignemens complets, et tout récemment des révélations fort curieuses sur les mouvemens solaires. Cela a été rendu possible par l’application du principe de Doppler-Fizeau (cette appellation évoque les noms de deux physiciens qui l’ont découvert et mis au point) ou principe des vitesses radiales. Cette méthode prodigieusement féconde a apporté des clartés imprévues dans presque tous les domaines de l’astronomie ; elle dérive de cette analyse chimique des étoiles qu’Auguste Comte considérait jadis comme la plus décevante des impossibilités, d’où il appert que le pape du positivisme n’était pas infaillible. Rappelons brièvement ce qui constitue cette méthode :

Nous avons tous remarqué que lorsque la locomotive sifflante d’un express traverse à toute vitesse une gare où nous stationnons, le son du sifflet qui paraissait très haut pendant que l’express approchait, s’abaisse brusquement dès que la locomotive a traversé la gare et s’en éloigne. Il aurait pris un diapason intermédiaire si l’express, tout en continuant de siffler, s’arrêtait dans la gare. La raison en est simple : la hauteur du son dépend de la longueur des ondes sonores émises par le sifflet. Or cette longueur est diminuée de la vitesse de la locomotive lorsque celle-ci s’approche ; elle en est augmentée, au contraire, lorsqu’elle s’éloigne. Le son est rendu plus aigu dans le premier cas, plus grave dans le second. La même chose a lieu pour les ondes lumineuses et les raies d’un élément chimique donné sont déplacées vers