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climatologie terrestre. Nous y reviendrons quelque jour, lorsque nous traiterons de toutes les sympathies mystérieuses qui lient magnétiquement les moindres pulsations du Soleil à tous les phénomènes de notre petit habitacle. Dès maintenant, il nous suffira de remarquer que d’après le calcul, une variation de 10 pour 100 dans le rayonnement solaire et qui durerait six mois, altérerait la température moyenne des continens terrestres de 2 degrés centigrades, c’est-à-dire d’une quantité qui correspond à la différence existant entre une saison extrêmement chaude et une saison exceptionnellement froide.


La surface de la photosphère n’est nullement homogène : ses granulations sont séparées par des espaces plus sombres et animées de mouvemens extraordinaires qui déplacent, avec des vitesses de plusieurs kilomètres par seconde, des masses de matière plus grandes que la France. En outre, dans cette mer de nuages incandescens, il y a des sommets et des trous. Les premiers sont les facules qui s’élèvent au milieu de la surface photosphérique, comme la colonne de lumière qui jadis guida le prophète. Elles paraissent à la lunette ou sur les photographies plus brillantes que le niveau général de la photosphère, sans doute parce que, à cause de leur altitude, leur lumière subit moins, avant de nous parvenir, l’absorption de la lumière solaire. Les dépressions, les trous que l’on observe dans la photosphère, sont les taches.

Lorsque, peu après l’invention des lunettes, vers 1610, Fabricius, Scheiner et Galilée les découvrirent indépendamment, l’étonnement fut grand. C’était le dernier coup donné à la vieille astronomie mystique du Moyen âge, à celle qui, dans l’emboîtement compliqué de ses sphères de céleste cristal, n’imaginait que des astres immaculés et en quelque sorte immatériels. Il y a beaucoup d’autres choses dans le monde, dont l’éblouissant éclat comme celui du Soleil paraît intact et sans défaut, et où l’on découvre soudain des taches inattendues, lorsqu’on les regarde à la lunette, ou simplement à la loupe.

En général, les taches offrent l’aspect d’un noyau central très sombre, par rapport au reste du disque solaire et qu’entoure une pénombre dégradée. On dirait un entonnoir jeté dans la photosphère et qui se termine par un trou profond. Certaines ont jusqu’à 1/20 du diamètre solaire, c’est-à-dire jusqu’à 5 fois le diamètre de la Terre. En les observant, on les a vues se déplacer lentement, et c’est ainsi que, malgré les variations qu’elles subissent parfois dans leurs formes, on a découvert d’abord que le Soleil n’est pas immobile mais tourne