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réductions. Cet impôt, quoique systématiquement établi, était toujours conçu comme une ressource de guerre et, en fait, il fut supprimé à la paix de 1815 ; il laissait d’amers souvenirs ; les registres qui avaient servi à le percevoir furent brûlés.

Quoique l’Angleterre ait été dans toute la première partie du XIXe siècle en proie à des difficultés financières constantes, plus d’un quart de siècle s’écoula sans que gouvernemens et parlemens se résignassent à rétablir l’income tax de la guerre contre la France. Mais l’Angleterre restait toujours sans système d’impôts directs, et il lui était difficile de se passer éternellement de cette nature de taxes, outre que l’opération de rachat de l’impôt foncier sous Pitt, en 1798, empêchait ’établissement d’une contribution directe frappant spécialement la terre.

En 1842 seulement, vingt-sept années après sa suppression, devant les nécessités financières pressantes et en l’absence de tout système de taxes directes, l’income tax ou impôt sur le revenu fut rétabli, sur la proposition de Robert Peel et à titre de mesure simplement temporaire. Il avait été combattu par des hommes représentant le parti libéral et même l’opinion démocratique, lord John Russell et lord Brougham. Il fut entendu que « des nécessités urgentes avaient seules pu déterminer cette adoption et que l’impôt n’était rétabli que pour un temps limité à trois ans. »

Les trois années expiraient en 1845 : le gouvernement britannique libéral venait de faire adopter deux réformes importantes et coûteuses : l’abolition des droits de douane sur les céréales (corn-laws), ce qui était le commencement de la destruction du régime protectionniste, et la réforme postale qui réduisait uniformément dans tout le Royaume à 1 penny, soit dix centimes, la taxe des lettres ; le parlement consentit à prolonger, pour trois nouvelles années, l’impôt sur le revenu ; mais le ministère dut affirmer qu’il serait possible, en 1848, grâce aux plus-values espérées des autres impôts, de supprimer l’income tax. L’année 1848 se trouva une année de révolution et de gêne budgétaire : l’income tax fut maintenu pour trois nouvelles années. En 1851, la situation budgétaire ne s’était pas améliorée : le gouvernement proposa de classer l’income tax, qui, depuis neuf ans, n’existait qu’à titre précaire, parmi les impôts définitifs : le Parlement s’y refusa et n’en vota le maintien