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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 21.djvu/646

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période électorale, est la seule qui ait réuni, sans contestation possible, une majorité imposante : nous voulons parler de la réforme qui nous tient le plus à cœur, de la représentation proportionnelle. Près de quatre cents députés se sont prononcés en sa faveur dans leur profession de foi. Le scrutin d’arrondissement n’a plus trouvé de défenseurs ; le ministère l’a abandonné et il a reconnu qu’un nouveau mode de scrutin s’imposait : toutefois, pour ne pas mécontenter ses amis, il a paru préférer le scrutin de liste majoritaire au scrutin de liste proportionnel, ce qui ne changerait rien aux abus, aux injustices et aux scandales dont on a tant de raisons de se plaindre. Dans un pays où le suffrage universel aurait le dernier mot, c’est donc par la discussion de la réforme électorale, énergiquement approuvée en 1910 et qui n’a plus été sérieusement combattue en 1914, que la Chambre nouvelle devrait inaugurer ses travaux. Si elle ne le fait pas, que fera-t-elle ? Elle se livrera à des récriminations inutiles sur les luttes du passé ; elle se condamnera à suivre les erremens de sa devancière ; à agiter tous les problèmes sans les résoudre ; à pratiquer une politique d’arrondissement, ruineuse pour les finances publiques et désastreuse pour l’intérêt national. Si elle réalisait, au contraire, une réforme électorale digne de ce nom, également juste pour tous les partis et susceptible de les contraindre à se discipliner, elle se dégagerait de la servitude qui l’oblige à satisfaire des appétits pour conserver des mandats. Elle pourrait changer ses habitudes mauvaises, améliorer le régime parlementaire, en lui donnant plus de cohésion, de stabilité et de clarté. Nous voudrions espérer qu’elle remplira ses engagemens et son devoir, qu’elle n’attendra pas d’être acculée à une impasse, au désarroi et à l’impuissance, pour accomplir cette œuvre de saine politique, de justice et d’honnêteté.


GEORGES LACHAPELLE.