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REVUE MUSICALE


Théatre des Champs-Élysées (Saison anglo-américaine) : L’Amore dei tre re, poème de M. Sem Benelli, musique de M. Italo Montemezzi. — L’Otello de Verdi. — Concerts Monteux : Le Sacre du Printemps, de M. Igor Stravinsky. — Théatre de l'Opéra : Scemo, poème de M. Charles Méré, musique de M. Alfred Bachelet. — Théatre de l'Opéra-Comique : Marouf, savetier du Caire, d’après les Mille et une Nuits (traduction du Dr Mardrus); poème de M. Lucien Népoty, musique de M. Henri Rabaud.


La diversité des œuvres, celle aussi des interprètes ou des compagnies qui nous les présentèrent pendant les semaines qui viennent de s’écouler, imposent à cette chronique le caractère d’un pot-pourri. Vous y trouverez un peu de tout : du russe, de l’italien, de l’allemand, de l’anglais, de l’américain et jusqu’à du français. Chaque année, en cette saison, Paris, un Paris de moins en moins nôtre, nous offre ce spectacle et ce concert hétérogène. Et quand nous disons : « du français, » il ne s’agit que des paroles, rien ne nous paraissant plus éloigné qu’une partition comme le Scemo de M. Bachelet, par exemple, de ce qu’on appelle ou de ce qu’on appelait communément autrefois la musique française.

Donc, la troupe internationale de l’Opéra de Boston et du Covent-Garden de Londres est venue donner des représentations excellentes et diverses dans ce « théâtre des Champs-Élysées, » dont on avait avec raison déploré la clôture. L’endroit est favorable aux plaisirs des yeux et des oreilles autant que la salle Garnier leur est contraire. Quelqu’un n’a-t-il pas dit : « Là où il n’y a pas de sympathie, il n’y a pas d’art. » Or on ne saurait trouver un lieu plus antipathique à l’art musical que notre somptueux et triste Opéra. Tout y est distant, et tout y est morose. Toute œuvre, et tout d’une œuvre, l’action, les paroles et la musique, le chant et le geste, s’y enveloppe d’un voile, si ce n’est d’un