Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 21.djvu/890

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un partage d’influence : aux Japonais, la Corée et la Mandchourie méridionale ; aux Russes, la Mandchourie septentrionale et la Mongolie. L’aboutissement du Transsibérien à Pékin à travers la Mandchourie n’était qu’une solution occasionnelle, que l’on n’avait pas prévue à l’origine, et qui avait entraîné les Russes, pour leur malheur, vers Port-Arthur et la Corée ; mieux valait donc revenir à la conception primitive, à la voie directe vers Pékin à travers la Mongolie par Ourga.

Ainsi s’orienta la nouvelle politique russe. La juste modération du traité de Portsmouth, inspiré par les diplomaties anglaise et américaine, n’atteignait la Russie ni dans son honneur, ni dans sa chair ; elle l’accepta sans arrière-pensée, et, résolument, elle adopta une autre méthode : paix et équilibre en Extrême-Orient par l’accord entre la Russie et le Japon. C’est l’honneur de M. Isvolski d’avoir réalisé ce programme avec la collaboration éclairée de M. Motono, ambassadeur du Japon à Pétersbourg ; il a procédé à une révision générale des intérêts et des aspirations de la Russie en Asie, suivie d’un partage équitable d’influence et d’une réconciliation avec les anciennes rivales de la Russie. Les pourparlers avec Londres sont parallèles aux négociations avec Tokio ; le traité anglo-russe pour la délimitation des sphères d’influence en Perse et dans l’Asie centrale est du 30 août 1907 ; les conventions russo-japonaises sont du 13 juin, du 28 et du 30 juillet de la même année ; la première règle les difficultés relatives à l’exploitation des chemins de fer de l’Est Chinois et du Sud Mandchourien et à la gare commune de Kouang-Tcheng-Se ; la seconde accorde aux sujets japonais des facilités pour la pêche dans les mers du Japon, d’Okhotsk et de Behring ; elle est accompagnée, le même jour, d’un traité de commerce de navigation ; la troisième, enfin, est la plus importante : chacune des deux parties « désireuses de fortifier les relations pacifiques, amicales et de bon voisinage qui ont été heureusement rétablies entre la Russie et le Japon, et d’écarter la possibilité des malentendus futurs entre les deux empires, s’engagent à respecter l’intégrité territoriale actuelle de l’autre, de même que tous les droits résultant pour l’une ou pour l’autre des traités en vigueur, accords ou conventions, appliqués à présent entre les hautes parties contractantes et la Chine… dans la mesure où ces droits ne sont pas incompatibles avec le principe de l’égalité de traitement énoncé