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accroissement des charges fiscales ou modification des frontières de la Chine, mais un conseil de la République est créé, dont les membres seront nommés par le Président. Celui-ci, après avis conforme de ce Conseil, pourra dissoudre le Parlement, ou refuser de promulguer une loi volée parle Parlement, même à la majorité des trois quarts des voix. Une commission de dix membres, choisis dans le Conseil de la République, élaborera une Constitution définitive. Avec le nom de République, c’est le pouvoir absolu qui désormais est établi en Chine.


V

De leur politique diplomatique et financière et de l’appui prêté au gouvernement de Yuan-Chekai, les Puissances européennes ainsi que le Japon et les Etats-Unis attendaient un double résultat : d’abord l’intégrité de la Chine et le maintien de l’ordre, ensuite des bénéfices positifs, une part dans la mise en valeur, dans l’exploitation des richesses de la République. Le résultat a-t-il répondu à leurs espoirs ?

Nous avons dit que le Japon et la Russie s’étaient mis d’accord pour sauvegarder l’intégrité des provinces chinoises et pour se partager la domination ou le contrôle effectif sur les « marches » du Nord, Corée, Mandchourie, Mongolie. Les vastes régions semi-désertiques de la Mongolie remplissent tout l’espace intermédiaire entre les provinces russes de Sibérie et la Chine proprement dite : c’est le pays des stoppes ; de là sont parties, au XIIIe siècle, les armées du Tchinguiz-Khan, qui ont conquis le monde depuis les mers de Chine jusqu’à la Baltique et à l’Adriatique. Les Mongols, descendans clairsemés des héros d’autrefois, nomadisent encore dans ces plaines indéfinies ; leur pays est sur la route directe, l’ancienne « route de la soie » qui conduit d’Europe en Chine soit par la trouée de l’Ili, soit par Ourga ; par la passera un jour le chemin de fer le plus court et le plus facile à construire de Russie à Pékin. Cette région a donc pour les Russes une grande importance, et ils travaillent depuis longtemps à s’y assurer une clientèle. Les Chinois, de leur côté, s’ingéniaient à conquérir peu à peu la Mongolie par une lente infiltration de colons que suivaient des fonctionnaires et des soldats ; ils ont réussi à assimiler ainsi une partie de la Mongolie intérieure, colle qui est contiguë à la Mandchourie. Les