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commentaire plus précieux que les lignes consacrées à cette École de ; Médecine par Landon, dans ses Annales, en 1803 : « C’est, dit-il, la majesté de l’architecture romaine, dépouillée de ses riches superfluités et rapprochée de la simplicité grecque, et grande par la disposition de ses masses… Tout le système de la vieille, architecture fut renversé par cet exemple inattendu… Plus de pavillons, d’avant-corps, d’arrière-corps… le tout contre l’usage reçu en France, et dont les Coûtant, les Gabriel et les Soufflot venaient de donner de si récens et de si dispendieux exemples dans l’Ecole-Militaire, la Madeleine et la nouvelle Sainte-Geneviève. Cette Ecole fut proclamée le chef-d’œuvre de l’architecture moderne et aucun autre édifice n’a pu encore lui enlever ce titre. »

Landon ne cesse dans ses écrits de reprocher à l’architecture du XVIIIe siècle de sacrifier les masses à des subdivisions puériles. « On parle sans cesse d’antique, dit-il, et l’on ne fait que des œuvres barbares et modernes. » Il est très intéressant de constater que, pour les hommes de la Révolution, des œuvres telles que celles de Gabriel et de Soufflot n’étaient pas encore suffisamment antiques.

Les monumens que les architectes auront à construire ne seront plus désormais des églises. Depuis Saint-Philippe du route qui, commencé en 1756, fut la dernière église construite par la monarchie, jusqu’à la Chapelle expiatoire (1826), première église construite par la Restauration, il se passe un demi-siècle pendant lequel s’élèvent exclusivement des constructions civiles : ce sont notamment les salles du Corps législatif et du Tribunat, les palais du Sénat et du chef du gouvernement. « Là, dit encore Landon, on trouve la grandeur, la décence, la dignité qui conviennent aux autorités publiques, là on verra que notre architecture a fait quelques progrès en se rapprochant de la sagesse et même quelquefois de la sévérité du style antique. »

Mais, à vrai dire, la République à peu construit, elle n’a pas eu le temps de le faire, et si l’on voulait étudier avec quelque soin son architecture, ce sont les projets de ses architectes qu’il faudrait consulter.

Il faut attendre la réorganisation de la nation par l’Empire, il faut attendre la richesse qu’il donne à la France, pour voir reparaître l’ère des grandes constructions monumentales. Elles se firent dans le même esprit classique, mais en renonçant à