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passion la plus extrême et les plus violens désirs de vengeance apparaissent tour à tour ; lorsqu’on songe que ces œuvres sont nées toutes deux à la suite d’une même déception amoureuse, il est facile, malgré les constantes dénégations de leur auteur, de deviner l’importance du rôle joué par l’amour dans l’existence du plus grand et du plus puissant des romanciers français.

Vicomte DE SPOELBERCH DE LOVENJOUL.

Villa Close, août 1897.


PRÉFACE

Si l’auteur de ce livre bienfaisant (il faudrait dire philanthropique, n’étaient tant de spéculations qui ont déshonoré le mot) a voulu rester inconnu, ce n’est ni par dédain, ni par humilité, ni même pour se conformer à l’esprit de son œuvre, mais par peur des Prix-Montyon.

Si les hasards académiques lui faisaient obtenir une somme, il ne se croirait jamais payé ; puis, son amour-propre souffrirait : il penserait avoir écrit quelque niaiserie, tandis que son ambition a été de réchauffer, ça et là, des âmes assez simples pour s’émouvoir à la pédestre poésie du bien, comme d’autres adorent l’éclatante poésie du mal, ambition que rendent démesurée le public et la littérature du XIXe siècle.

Si cette observation semble dure à l’ombre de feu Montyon, l’auteur avouera, pour le consoler, que ses dispositions testamentaires sont la vertueuse bêtise d’un homme bon peut-être, dont le tort a été de n’avoir pas compris que les actions et les choses auxquelles il léguait ses écus, comportaient de sécrètes récompenses, au prix desquelles pâlissent même les palmes décernées par les académies.

Si feu Montyon avait réuni la somme totale de ses legs pour l’attribuer à des œuvres d’art, que la société actuelle ne peut plus ni encourager ni payer, — à la statuaire, à la haute peinture, par exemple, — il eût fait un bien réel.

Si un prix de cent mille francs attendait, à chaque exposition, la plus belle statue, le plus beau groupe, ou de vastes fresques, trop rares sur les murailles nues de nos monumens, que de chefs-d’œuvre, que de valeurs productives ne posséderait