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Avec les pays non limitrophes il n’existait guère de service direct ; mais les banquiers, les gros négocians se chargeaient des réexpéditions par leurs correspondais personnels ; on adressait ainsi, par le courrier hebdomadaire de Hollande : « A Monsieur un Tel à Amsterdam, pour M. un Tel à Lubeck, ou à Copenhague » des plis, qui parvenaient presque toujours, bien que lentement.

Paris, en 1653, n’avait encore que 4 boîtes à lettres ; il en eut 6 en 1695 et 8 en 1716, y compris celle de l’hôtel des Postes, rue des Bourdonnais, levées chacune deux fois par jour, à midi et à sept heures du soir. Ces boites devinrent des bureaux de quartier lorsque fut créée (1759) la « petite poste » à 0, 25 centimes, — deux sous, — pour les lettres circulant à l’intérieur de la capitale, imitation perfectionnée de la « penny-post » de Londres. Essayée déjà cent ans avant par un ingénieux académicien, Renouard de Villayer, qui échoua (1653), cette idée hardie, souvent discutée, consistant à remplacer les petits savoyards par une équipe de facteurs officiels, ne semblait pas encore, au dire de Barbier, appelée à un grand succès, lorsque le philanthrope Chamousset l’exécuta à ses risques et périls, moyennant concession du produit pendant vingt ans.

La lettre distribuée par la « petite poste », dans l’enceinte de Paris, jouissait d’une tolérance de poids de 60 grammes ; le tarif de la poste ordinaire, en France, ne concédait que 7 grammes et demi à la « lettre simple » et 15 grammes à la « lettre double ; » au-dessus, on payait pour l’once, soit 31 grammes. Le tarif de 1676 introduisait, entre la « simple » et la « double » lettre, une catégorie intermédiaire, celle de la « lettre avec enveloppe, » assez rare sans doute puisque jusqu’au milieu du XIXe siècle l’usage persista, comme on sait, d’écrire l’adresse au dos de la feuille pliée et cachetée à la cire, laquelle ne pesait souvent pas plus de 4 grammes. Un mémoire de la direction des postes, en 1703, constate que dans un paquet d’une once on a compté jusqu’à 7 et 8 « lettres simples. »

Les taxes postales, cinq ou six fois remaniées et qui, exprimées en monnaies anciennes, semblent plus que doubler depuis 1625 jusqu’à la Révolution, subirent au fond peu de changement et même tendirent à diminuer, si on les traduit toutes en monnaie actuelle d’après la valeur intrinsèque et relative des anciens « sous » aux diverses dates : ainsi la lettre