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Vient ensuite la question des soins à donner aux malades. Cette partie du programme sanitaire ne fut pas plus négligée chez nous qu’ailleurs et nous avons réalisé dans cet ordre d’idées à peu près tout le possible.

La troisième partie du programme consiste dans la défense des colonies contre les maladies épidémiques ou contagieuses. Elle est à peine esquissée en certains points et pas même prévue en beaucoup d’autres. Il faut toujours revenir, quand on parle de notre hygiène publique, à la loi du 15 février 1902. Cette loi prévoyait la création dans la métropole de services d’hygiène départementaux et municipaux dont les fonctions seraient de veiller à l’application de tous règlemens édictés afin de préserver la santé publique.

L’article 9 de cette loi spécifia qu’une enquête devait être menée dans toute commune dont la mortalité dépasserait la mortalité générale de la région pendant trois années consécutives. Si l’on reprend l’exemple précédent de l’île de la Réunion, on s’aperçoit, en consultant les statistiques particulières des communes de cette colonie, naguère si salubre, qu’il y aurait souvent eu lieu à enquête.

Salazie, station fréquentée, - eut une mortalité de 12,0 pour 1 000 en 1904 et de 30,4 en 1908, Sainte-Rose de 23,1 en 1904 et 47,2 en 1910. Le chef-lieu lui-même, Saint-Denis, compta dans ces dix dernières années plus de morts que de naissances. On ne s’est, bien entendu, jamais préoccupé de ces faits, puisque la Réunion ne possède pas de services d’hygiène, et les causes de ces excès de mortalité ont continué à exister sans qu’on fasse rien pour les détruire.

Nos ports coloniaux possèdent des médecins arraisonneurs dont la mission consiste à contrôler l’état sanitaire des bateaux provenant de régions contaminées. Une simple barrière de ce genre est manifestement insuffisante. Les épidémies peuvent également franchir les frontières de terre, elles peuvent même avoir une origine locale. Il faudrait donc créer partout des services d’hygiène pour dépister les maladies contagieuses et pour les combattre sans retard. Le Sénégal est seul[1] à posséder de ces services spéciaux : encore n’en avait-il que dans ses trois

  1. Un arrêté local du 29 juin 1910 a créé à la Martinique, en même temps qu’un laboratoire de bactériologie, un service de lutte antilarvaire, mais ce n’est guère qu’une ébauche de ce qu’il faudrait y réaliser.