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principales villes. On y a récemment créé de nouvelles circonscriptions, mais l’œuvre, commencée il y aura bientôt dix ans, n’est pas encore au point. Elle a déjà rendu cependant de réels services à la colonie. Un exemple récent prouve même qu’elle pourrait, telle quelle, suffire aux besoins les plus pressans. La petite épidémie de fièvre jaune qui, répandue dans toutes les escales sénégalaises, causa près de trente morts à la fin de 1912, n’atteignit jamais en effet Saint-Louis, bâtie dans une île entourée de marécages, mais où le service d’hygiène fit toujours preuve d’une grande fermeté.

La réforme sanitaire la plus utile qui reste à réaliser pour l’avenir de nos colonies serait donc de pourvoir nos possessions, les plus anciennes comme les plus récentes, d’organismes semblables aux services d’hygiène sénégalais.

Les grandes villes contiennent à elles seules la majorité des Européens coloniaux. Elles seraient dotées les premières de ces services, mais la brousse, elle aussi, n’en devrait pas être dépourvue. Les médecins de nos colonies, ainsi appelés à préserver la santé des gens bien portans, auraient partout fort à faire. Le paludisme serait leur premier et plus redoutable ennemi, mais combien d’autres ils auraient à combattre ! Ce serait, au Congo, la trypanosomiase, contre laquelle une simple société privée projetait, il y a deux ans, d’entreprendre une campagne qui coûterait plus de 200 000 francs ; ce serait, dans nos vieilles colonies des Antilles, la fièvre jaune, tout comme sur la côte occidentale d’Afrique ; ce serait enfin la lèpre en Nouvelle-Calédonie et à Madagascar…

Parallèlement aux services d’hygiène, les services d’assistance médicale indigène continueraient à remplir leur rôle si important. On ne pourra plus dorénavant qu’y apporter des améliorations de détail, mais voici une autre partie du programme sanitaire dont on ne s’est guère occupé jusqu’ici chez nous.

La question s’est posée pour les Européens, presque dès le début de la colonisation, de savoir s’ils pouvaient se conserver longtemps sous les tropiques en bonne santé, s’ils pouvaient « s’acclimater. »

Comme leurs rivaux, Portugais, Espagnols et Anglais, nos ancêtres croyaient pouvoir implanter leur race dans toutes les régions où ils abordaient.