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M. Doumer eut le premier l’idée de créer un sanatorium sur ce plateau. Un petit village, Dalat, y fut fondé par ses ordres, ainsi qu’une station agricole où l’on a fait d’intéressans croisemens de bovidés du pays avec des vaches bretonnes, bonnes laitières comme on sait.

Mais surtout, une route partie de Pharang sur la côte d’Annam permit, dès l’année 1900, d’accéder au plateau à travers les forêts dangereuses qui en interdisaient précédemment l’accès. Le gouverneur général actuel, M. A. Sarraut, voudrait reprendre les projets primitifs et remplacer cette route par un chemin de fer relié à la voie ferrée Saigon-Khan-Hoâ. Cette ligne nouvelle permettrait aux habitans de la capitale cochinchinoise d’atteindre Dalat en moins de vingt heures.

Son accès ainsi facilité, le Lang-Biang exigera encore une grosse mise de fonds pour être adapté à ses nouvelles destinées. Il faudra en effet percer des routes sur le plateau lui-même, sans préjudice, bien entendu, d’autres grandes voies d’accès dont l’avenir indiquera vraisemblablement l’utilité. On devra aussi, suivant l’exemple des étrangers, aménager les eaux, construire des hôtels, des habitations privées, un cercle et surtout des casernes, où viendront passer au moins plusieurs mois, chaque année, une partie des troupes européennes du corps d’occupation. Cela conduirait à considérer le Lang-Biang comme une forteresse naturelle, sorte de réduit de la défense de la colonie. Nos troupes y vivraient en temps de paix à l’abri de la maladie et des dangers du climat ; peut-être en temps de guerre pourraient-elles l’utiliser également comme une place forte. L’installation de quelques colons, celle d’indigènes adonnés à des cultures vivrières et à l’élevage, contribueraient puissamment à l’amélioration des conditions d’existence de la station, tout en n’imposant pas de grosses dépenses supplémentaires. Ainsi compris, ce sanatorium géant attirerait, avec nos compatriotes d’Annam, de Cochinchine et du Cambodge, les étrangers du Siam et peut-être des Détroits. Lui aussi pourrait donc, tout comme Antsirabé de Madagascar, devenir un facteur appréciable de la prospérité matérielle de la colonie.

Devrait-on se borner en Indo-Chine à l’appropriation du Lang-Biang ? M. Vieillard, fonctionnaire tonkinois, préconisait récemment, dans le Bulletin économique de l’Indo-Chine, la création dans un petit village nommé Chapa, voisin de