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Orientale d’Afrique. Cinq à huit jours suffiraient, dès aujourd’hui, à des voyageurs venus de Zanzibar ou du Cap pour atteindre la future grande station malgache. On pourrait réduire peut-être de moitié ce laps de temps. L’afflux des baigneurs qui suivrait toute amélioration des moyens de communication et de transports permettrait d’augmenter le confort de la station pour le plus grand bénéfice des malades eux-mêmes. Il assurerait également la prospérité de la région tout entière où la colonisation européenne, ainsi stimulée, pourrait réaliser des merveilles.

L’aménagement d’Antsirabé n’empêcherait pas d’améliorer à peu de frais quelques-unes des anciennes « convalescences. » D’autres sources, thermales ou minérales, comme Antsiravazo, pourraient être plus tard appropriées selon leur valeur et les besoins locaux.

Il y aurait peut-être aussi lieu de faire quelques légers sacrifices pour la protection de la source ferrugino-gazeuse d’Hammam Agnoussi, qui coule à 600 mètres d’altitude dans un beau vallon d’Anjouan, la perle des Comores, groupe d’îles très pittoresques, situé entre Madagascar et l’Afrique.

L’Indo-Chine est presque aussi riche que Madagascar. A défaut de l’immense et salubre plateau central hova et betsiléo, notre empire indo-chinois possède dans chacune de ses parties des socles montagneux, plus ou moins vastes, mais très suffisans pour la création de sanatoria comparables aux meilleurs établissemens créés par les Anglais ou les Hollandais.

Le Dr Yersin découvrit en 1898 le plateau du Lang-Biang, dont la superficie atteint 400 kilomètres carrés et dépasse par conséquent celle du département de la Seine. Ce plateau, éloigné de la mer d’environ 450 kilomètres à vol d’oiseau, se dresse à une altitude moyenne de 1 400 mètres. Il est constitué par une longue suite de mamelons herbeux surplombés par des montagnes dont trois sommets atteignent 2400 mètres. Alors que la température moyenne annuelle s’élève sur la côte à 26°, qu’elle est encore plus considérable à Saïgon, on jouit sur le Lang-Biang d’une température moyenne de 47°, et le thermomètre y descend parfois jusqu’à 0. Il y pleut beaucoup, par malheur, cent soixante-treize jours par an en moyenne, tandis que les stations anglaises de l’Hymalaya comptent deux semaines de plus de beau temps.