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reconnaître que le premier des deux se trouve bien près de France. Il n’y a donc pas lieu de consentir de trop gros sacrifices, afin de le doter de sanatoria. Certains plateaux du Fouta-Djalon offrent cependant les conditions indispensables pour une création de ce genre, d’autant que rien de comparable aux grandes stations dont l’étude précède n’y serait nécessaire. Quelques cases, peut-être un ou deux petits hôtels suffiraient à tous les besoins. Les points les plus propres à l’installation de ces stations d’altitude devront être vraisemblablement choisis sur des plateaux en partie sablonneux, élevés de onze ou douze cents mètres et situés à peu de distance de Mamou. Cette ville toute récente est desservie par le pittoresque chemin de fer de Guinée.

Dalaba, où fut créé il y a peu d’années une ferme modèle, mériterait surtout d’attirer l’attention. L’eau est abondante et pure dans les environs, de nombreux troupeaux paissent autour des « roundé » établis sur les hauteurs voisines par les pasteurs Peuls. La température de ces plateaux descend pendant la saison sèche jusqu’à 3 et 4°, elle n’y dépasse pas 20 ou 22°. Les pluies sont par malheur très fréquentes et d’une grande violence pendant l’hivernage, surtout du mois de juin à celui d’octobre.

On pourrait encore établir des stations en d’autres points de la région, notamment à 40 kilomètres du port de Konakry, sur le mont Kakoulima, qui dresse ses mille mètres de roches tout près de la voie ferrée. M. A. Chevalier, le très distingué botaniste, prévoyait récemment aussi l’utilisation future de plateaux salubres élevés de plus de mille mètres, qu’il explora dans l’hinterland de notre Côte d’Ivoire, tout près du Libéria.

Peut-être trouverait-on également de bons emplacemens de « convalescences » en plein Soudan, au Sud de Sikasso ? Doter de bonnes stations d’altitude l’Afrique occidentale française ne présenterait donc pas d’insurmontables difficultés.

La situation n’est malheureusement pas aussi favorable dans notre Congo, dont les besoins sont dès aujourd’hui plus pressans. Cette vaste région, bien délaissée jusqu’ici par nous, mais qui va sans doute faire dorénavant de plus rapides progrès, n’offre guère d’emplacemens susceptibles d’être choisis pour cet usage. A moins que des découvertes peu probables ne viennent modifier la situation, nous n’aurons que la ressource d’y créer des stations balnéaires analogues au Do-Son tonkinois ou bien au Cap Saint-Jacques des Saïgonnais.