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Il ne reste plus à étudier que nos colonies d’Océanie, mais on peut les négliger ici sans inconvéniens. Nos compatriotes n’y sont et n’y seront jamais nombreux, sauf en Calédonie. Or, cette île est tout entière un excellent sanatorium où nos colons des Nouvelles-Hébrides, archipel au climat tropical, peuvent dès maintenant venir se retremper.

Il existe en Indo-Chine une excellente pratique, en vertu de laquelle une indemnité de séjour est accordée aux petits fonctionnaires qui désirent faire dans la colonie une cure de repos. Toutes nos possessions pourvues de sanatoria devraient suivre cet exemple si libéral. Ce serait le meilleur moyen pour elles de « lancer » ces établissemens sanitaires, ce serait par conséquent le meilleur moyen d’en tirer le plus tôt possible les meilleurs résultats.


On peut conclure de cette rapide excursion à travers notre empire colonial que nous n’y avons pas encore accompli tous les efforts nécessaires pour la protection de l’Hygiène publique. Nous avons notamment négligé d’aménager les sanatoria qui nous sont cependant indispensables.

Il faudrait, pour réparer la faute commise et regagner le temps perdu, dépenser plusieurs millions. Ce serait d’autant moins une charge écrasante pour les budgets coloniaux qu’une partie des dépenses d’hygiène « paierait, » tout comme celle de la construction des ports ou des chemins de fer, et que toutes permettraient de réaliser tout de suite des économies considérables de vies humaines et d’argent.

Les créations de services nouveaux d’hygiène et celles de sanatoria présenteraient encore un autre avantage, inappréciable. L’esprit public colonial en serait transformé, celui surtout de nos administrations. Engagés dans cette voie féconde, les pouvoirs publics réaliseraient promptement, sans nul doute, bien d’autres progrès auxquels on ne peut songer aujourd’hui parce que le vent ne souffle pas de ce côté.

L’administration romprait bientôt avec la déplorable habitude, qu’elle a trop souvent encore, de mal loger ses fonctionnaires. La situation, sous ce rapport, est surtout déplorable dans nos deux empires africains de l’Ouest. A part les chefs de cercle, la plupart des fonctionnaires de la brousse, en Afrique