Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

montreront qu’il y a beaucoup de besognes patientes et attentives, et aussi parfois de nombreux torticolis, à l’origine de ces résultats.

Mais n’arrivera-t-il point que l’on confonde les petits points noirs formés sur les négatifs par les étoiles avec des irrégularités ou des défauts de la couche gélatinée, avec les petites « piqûres » bien connues des séides de la chambre noire, et qui souvent parsèment les plaques ? On attribuera alors à de vastes soleils, rayonnant au fond de l’espace, ce qui ne sera que l’effet d’une bulle d’air microscopique ; los mirifiques déductions que les astronomes en tireront sur la mécanique du Cosmos risqueront fort de pécher par la base, et, le jour où l’erreur sera découverte, on se rira bien de cette science qui, de moins qu’une souris, fait accoucher beaucoup plus qu’une montagne. Ce sera l’occasion ou jamais de relire en s’en délectant la fable de l’Animal dans la Lune.

Afin d’éviter d’aussi angoissantes éventualités, qui eussent pu être dangereuses pour le reste de prestige qu’a l’astronomie auprès du public, on a trouvé divers moyens dont le plus simple, suggéré par les Henry, est employé dans la plupart des observatoires pour la confection des clichés de la carte. Après avoir fait une première pose, on en fait une seconde de même durée, après avoir légèrement déplacé la plaque dans son barillet, puis une troisième après un nouveau et léger déplacement. Ces déplacemens sont faits de telle sorte que chaque étoile est alors représentée par trois petits points formant un triangle équilatéral. Il n’y a ainsi aucune ambiguïté, aucune erreur possible, et le calcul montre qu’on ne peut pas se tromper une fois sur un milliard sur l’identité d’une étoile.

Enfin, et pour faciliter les mesures des positions relatives, qui sont faites ensuite sur les clichés dans le silence du laboratoire à l’aide de machines micrométriques spéciales, ou photographie avant la pose stellaire, sur la plaque, l’image d’un quadrillage dont les traits et les dimensions ont été parfaitement étudiés. Un des clichés ainsi obtenus a un peu l’apparence d’un damier en miniature sur lequel on aurait jeté des centaines et des milliers de petites feuilles de trèfle microscopiques (le trèfle à quatre feuilles étant bien entendu éliminé) parallèlement orientées et qui sont les images triples des étoiles.


Pour recouvrir le ciel tout entier avec ses 42 000 degrés carrés, on est convenu qu’on s’arrangerait pour que chaque région fût