Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Stuttgart en 1856 fit grand bruit. Napoléon et Alexandre se promirent de ne faire partie d’aucune coalition l’un contre l’autre, de marcher d’accord dans les affaires d’Orient et d’étudier aussi les modifications que les circonstances permettraient de faire aux traités de 1815. En 1857, le prince Napoléon alla à Varsovie offrir à Gortchakof de modifier certaines clauses du traité de Paris, ce qui irrita Walewski au point de l’amener un instant à présenter sa démission.

Au lendemain de la campagne d’Italie, Napoléon, dénoncé par la Prusse comme l’ennemi héréditaire, s’étonna de voir l’entente s’établir entre Pétersbourg et Berlin. La révolte de la Pologne en 1863, que soutenait la presse française et que l’Empire considérait comme une question européenne, enfin la proposition d’un congrès pour la régler exaspérèrent la Russie que la diplomatie prussienne avait séduite par l’adroite convention Alvensleben. En 1860, la politique de Bismarck s’accorda avec la politique russe. Cependant, Gortchakof essaya de saisir le prétexte d’un conflit entre les Crétois et les Turcs pour se rapprocher de la France, mais ni l’Empereur ni le marquis de Moustier ne profitèrent de cette occasion. Le voyage d’Alexandre à Paris, les maigres résultats qui en sortirent, le cri de : « Vive la Pologne, monsieur ! « lancé devant le Tsar par Floquet, le coup de pistolet de Bérezowski amenèrent le chancelier russe à dire que le Tsar aurait mieux fait de rester à Saint-Pétersbourg. L’entrevue de Salzbourg gâta plus encore l’affaire, car la Russie croyait à une alliance austro-française prédite d’ailleurs par le comte de Beust. Toutefois, Gortchakof fit encore quelques avances, mais elles furent assez froidement accueillies. L’ambassade du général Fleury n’améliora point les relations, car le général avait reçu pour mission de se borner à créer une entente par des conversations cordiales plutôt que par des desseins concertés. Aussi, le 1er juin 1870, Alexandre et Guillaume, Bismarck et Gortchakof se rencontrèrent à Ems, et là, sans bruit, échangèrent des vues et des promesses. Le général Fleury fit entendre à M. de (ira-mont que la France n’avait rien à craindre d’une entrevue qui n’avait rien de politique, alors qu’Alexandre, ayant obtenu la promesse d’une révision du traité de Paris, s’était engagé à rester absolument neutre en cas de conflit entre la France et la Prusse. Cette révision, Gortchakof en avait exprimé le désir au général Fleury avant de s’engager avec la Prusse, mais Fleury