Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES AMUSEURS D’AUTREFOIS

PARADIS DE MONCRIF


I

« Un des fruits qu’on doit naturellement se promettre des avantages de l’esprit, c’est de se procurer une existence agréable. »

Cette profession de foi utilitaire et cynique résume à merveille l’idéal que poursuivit et réalisa François-Augustin Paradis de Moncrif, comme sa vie lui sert en quelque sorte d’illustration continue.

Le nom de l’homme, le souvenir de son œuvre ont presque sombré dans l’oubli. A peine si les recueils biographiques consacrent quelques lignes dédaigneuses à l’auteur des Moyens de plaire ; les historiens de la littérature n’en font pas mention. Pourtant, il occupe dans son époque une place considérable, il obtint des succès retentissans, il fut membre de l’Académie Française, il remplit des postes officiels : secrétaire du comte de Clermont, lecteur de Marie Leczinska, censeur royal, secrétaire général des Postes, historiographe de France, et les contemporains s’accordent à vanter son esprit, ses talens et son intelligence.

Les raisons se justifient sans peine d’un si complet discrédit et du méprisant ostracisme de la Postérité. Un écrivain se reflète toujours dans ses ouvrages et ceux de Moncrif ne sont que mousse inconsistante. « Celui qui n’a égard en écrivant