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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/529

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DEUX VISIONS ANGLAISES

I
OXFORD EN FÊTE

C’est un plaisir qui n’est pas exempt de quelque mélancolie de remonter parfois le cours de son propre passé, de chercher dans un lieu où l’on a vécu, étant jeune, les traces de ce qui subsiste encore ou de ce que le temps a détruit et de remettre « les pas dans les pas » pour emprunter à l’auteur de ces fortes œuvres qui s’appellent le Disciple et le Démon de midi, le titre d’une de ses jolies nouvelles.

L’occasion s’est offerte à moi, tout récemment, de goûter ce plaisir. Il y a cinquante et un ans, — un peu plus d’un demi-siècle, — j’ai séjourné quelque temps à Oxford, non pas en qualité d’Undergraduate, comme on dit dans la langue de l’Université, mais en qualité d’étudiant étranger. Je suis d’un temps où les regards de la France n’étaient pas tournés vers l’Allemagne, mais vers l’Angleterre, et où l’on croyait que quelques mois passés dans une université anglaise étaient un excellent complément d’éducation pour un jeune homme. J’avais donc été envoyé à Oxford et j’y ai passé un term, dont partie chez le dean d’un grand collège et partie chez un private tutor. Or un prétexte s’est offert à moi, il y a quelques semaines, d’y retourner. Il s’est formé, en Angleterre, sous la présidence d’honneur de lord Curzon of Kedleston, chancelier de l’Université d’Oxford, un grand Comité, composé de lord Rosebery, de M. Arthur Balfour et d’un grand nombre d’hommes de, lettres