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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/575

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existera réellement l’an prochain. Il ne serait, enfin, pas indispensable que l’escadre allemande figurée partît en réalité d’un : fjord de Norvège[1]. On économiserait charbon et forces (et cependant, quel bon exercice d’endurance que cette marche de, trois jours à bonne vitesse de route ! ) en la faisant partir, — correspondance des temps établie, — d’un point situé à 50 milles à l’Ouest du cap Erris, situé au Nord-Ouest de l’Irlande.

N’allons pas plus loin dans l’exposé de concepts à modalités très variées. Il suffit d’avoir montré qu’on en trouverait aisément, en étudiant l’organisation de grandes manœuvres navales dans le Nord, d’aussi intéressans, certes, et, en tout cas, de moins rebattus que ceux qui servent de thèmes aux manœuvres annuelles dans la Méditerranée. Je ne m’arrêterai pas non plus à l’objection, d’une portée générale, que d’aucuns traduiraient ainsi : « Mais que faites-vous de l’Angleterre et de sa flotte, qui tiendra si aisément en échec la force navale allemande de la mer du Nord ?… » Ne nous aventurons pas sur un terrain brûlant et ne recherchons pas quelle pourra être, quand on en viendra au faire et au prendre, l’exacte portée d’une entente à laquelle nous sommes, avec raison, si fort attachés. Disons seulement que les militaires et surtout les marins français n’ont pas le droit de se désintéresser des problèmes que soulève l’éventualité du maintien de la neutralité anglaise dans le grand conflit qui nous occupe.


Un mot encore, sur un point spécial, en faveur des manœuvres dans le Nord. Ce n’est que là, croyons-le bien, qu’on fera de la bonne besogne au point de vue de l’étude des procédés de guerre sous-marine, parce que c’est là seulement que les circonstances géographiques et hydrographiques s’y prêtent : côtes découpées, souvent basses ; petits fonds ou fonds moyens en pleine mer ; bancs, passes, estuaires de grands ports, où il faudrait que les sous-marins apprissent à pénétrer, en dépit des mines… Je ne méconnais pas du tout ce que l’on a fait dans la Méditerranée, en particulier pendant l’exécution du début du

  1. Je saisis l’occasion de signaler combien il est fâcheux que notre pavillon ne se montre jamais dans ces parages que porté par le petit stationnaire des pêcheries de la mer du Nord ou par un croiseur léger de type ancien allant en Islande et qui relâche, — quelquefois, — à Bergen. Il semble que nous n’osions pas aller dans la mer du Nord, où cependant nous avons pied, par Dunkerque.