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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/574

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flotte a l’intention de tourner par le Nord l’Ecosse et l’Irlande, afin d’éviter le dangereux passage du détroit et de la Manche, et de venir s’établir en un point situé à 100 milles à l’Ouest de Brest (73 milles d’Ouessant), d’où elle bloquera par ses croiseurs et bâtimens légers la force navale française de Brest et s’efforcera d’intercepter en temps utile l’escadre de la Méditerranée essayant de faire sa jonction avec l’escadre du Nord.

Le gouvernement français n’a pu être avisé de la relâche de la flotte ennemie à Stavum qu’au moment où elle va quitter ce mouillage après s’être ravitaillée en combustible, au moyen de paquebots venus d’Allemagne et d’Angleterre. On peut donc compter que dans 72 heures le blocus de Brest sera établi (1 120 milles de Stavum au point dont il a été question tout à l’heure) et que la puissante flotte impériale, — déduction faite de ce qu’elle a dû laisser d’unités de combat dans la Baltique, — se sera interposée entre les deux fractions de la nôtre. L’escadre du Nord est donc rappelée en toute hâte du Pas de Calais, dont elle organisait la défense, et chargée de retarder autant que possible la marche de l’ennemi après l’avoir recherché et reconnu sur la côte Ouest de l’Irlande. L’armée navale de la Méditerranée, qui passait le détroit de Gibraltar au moment où l’adversaire quittait son fjord de Norvège, est invitée à presser sa marche. Elle n’a que 900 milles à faire, environ, mais elle ne donne, en moyenne de route, que 13 ou 14 nœuds, alors que l’ennemi va facilement à 16. Pourra-t-elle rallier l’escadre du Nord en temps utile, et où ? Engagera-t-elle le combat, et comment ? Si elle est battue, ou si elle renonce à la lutte immédiate, où ira-t-elle, ne pouvant atteindre Brest ? A Quiberon ou à l’ile d’Aix ? Comment y organisera-t-elle sa défense ; quel appui y trouvera-t-elle dans les batteries de côte et les troupes ?

Il est bien entendu que la composition donnée à l’escadre ennemie (empruntée à notre flotte méditerranéenne, nécessairement), ainsi qu’aux deux escadres françaises, établirait, autant que faire se peut, une balance de forces analogue à celle qui