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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/679

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progrès de ces peuples. Ce serait tragique s’il n’y avait aucun moyen de le rompre. Mais il y a celui d’adopter pour l’élite cultivée, comme langue auxiliaire d’étude, l’une de celles, en petit nombre, qui ouvrent l’accès d’un des grands foyers de science et de civilisation.

Si donc nous voulons que notre nationalité vive et qu’elle connaisse encore des siècles de grandeur, il importe pour nous, en ce moment où tous les peuples font leur choix, d’avoir en eux le plus grand nombre possible de cliens de notre culture. L’Egypte est, à cet égard, un admirable centre de propagande : carrefour de races orientales, centre le plus vivant et le plus riche de l’Islam, elle peut, si nous savons y maintenir l’empire de notre langue, être pour nous l’une des bases les plus précieuses de notre pénétration morale du monde oriental. La chose vaut qu’on y pense. Un jour viendra, sans doute, où, une à une, les colonies de la vieille Europe se débarrasseront du joug ou de la tutelle de leurs métropoles, et où s’évanouira la puissance de ces Empires d’au-delà des mers. C’est alors qu’apparaîtront l’importance et la solidité des influences plus subtiles, mais aussi plus profondes, alors notamment que notre patrie sentira tout le prix de ce que, jusqu’à cette heure, elle a su garder en Egypte et de ce qu’il faut veiller, avec un soin jaloux, en ces années de transition, à ne pas nous laisser ravir.)


LEON POLIER